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Chapitre 21 : Trahison et séparation

  • Photo du rédacteur: lorkhanponey
    lorkhanponey
  • 2 oct. 2017
  • 15 min de lecture

C’était comme si un empire était tombé. Alors qu’en réalité, ce n’était qu’un château, ce n’était qu’une armée, ce n’était qu’un capitaine. Nous sommes rentrés, pensant retrouver nos camarades, nos amis. Peut-être avaient-ils découvert où se trouvait Malie, peut-être allions-nous pouvoir continuer notre quête ? Mais il n’y avait que de la fumée, de la cendre et du sang. Cro, qui avançait quelques mètres devant nous, remarqua en premier Jack assis sur le rempart, observant le lointain. Lorsqu’il nous aperçut, il demeura immobile. Ne cherchant pas à nous rejoindre, il se contenta d’attendre. Leonae s’arrêta soudainement, m’attrapant par le bras pour m’arrêter également. Elle déclara d’un air grave : «Je sens d’ici l’odeur de la mort, quelque chose d’horrible s’est abattu sur le château pendant notre absence. J’ai peur que ce soit trop cruel pour un garçon au cœur encore innocent.

  • J’ai un démon à l’intérieur de mon corps, je pense que je vais pouvoir tenir, répondis-je.»

J’avais tort. Ce n’était pas la première fois que je voyais des cadavres, même aussi nombreux. Mais c’était la première fois que je reconnaissais, parmi les morts, des visages que j’avais connus alors qu’ils étaient ceux de vivants. Je m’arrêtai net devant un soldat en particulier. Son visage boueux, ensanglanté, sans vie, m’était familier. C’était Whitehalf, le conseiller dont Dragonlips avait sauvé la femme. Sa main droite était toujours serrée sur son épée, comme s’il continuait à combattre dans l’Au-delà. Sam’ell me rejoignit, voyant que je demeurais immobile. Il essaya de me réconforter : «C’était un soldat. Pour lui, il n’y a aucun honneur plus grand que de mourir au combat, pour protéger son capitaine.

  • Il avait une femme… répondis-je simplement.

  • Je l’ignorais, et la guerre l’ignorait également. Mais contrairement à nous, la guerre s’en fichait. Nous ferons tout pour aider sa femme, je te le promets.»

Plus loin, Orsel, blessé, discutait avec Cro et Le. Derrière eux, se trouvait un cadavre que je ne m’attendais vraiment pas à voir. Zapar était étendu, le ventre ensanglanté. Sa peau était blanche, froide. Son cœur ne battait plus. Il était bel et bien mort. En approchant, j’entendis Cro s’interroger : «Je croyais que c’était un dieu, les dieux ne sont pas sensé pouvoir mourir.

  • Les dieux sont mortels comme n’importe qui, mais contrairement à nous, lorsqu’ils meurent, ils peuvent être ramenés par les prières de leurs disciples, répondit Le.

  • Est-ce qu’il a seulement des disciples ? demanda le chasseur.

  • Je crois bien que c’est nous, seules nos prières pourront le ramener d’entre les morts, répondit Orsel.

  • D’où est-ce que tu sors ça ? interrogea Le.

  • Quand il vous a sauvé la vie, ou quand il m’a trouvé, nous avons chacun fait le choix de le suivre dans sa quête. Le désignant ainsi comme notre chef, ou dans son cas précis, comme notre Dieu. Même sans le savoir, c’était notre volonté de le voir accomplir la quête qui lui donnait son pouvoir.

  • Dans ce cas, déclarais-je, pourquoi ne se relève-t-il pas tout de suite ? Nous n’avons pas cessé d’y croire, non ?»

À peine avais-je parlé, que je compris mon erreur. Tournant mon regard dans la direction de Jack, assis sur un tonneau à côté d’un Dragonlips blessé. L’un comme l’autre ne devaient plus croire en notre quête autant qu’auparavant.

Le champ de bataille, ou ce qu’il en restait, était calme. Après tout, les morts ne parlent pas. Dans le cas contraire, que diraient-ils ? Seraient-ils fiers d’être morts l’arme à la main ? Ou bien seraient-ils tristes d’avoir abandonné leurs proches ? Je vis Dragonlips verser une larme. Sans être dans sa tête, je savais que c’était exactement ce à quoi il pensait. Tous ses soldats étaient morts, des hommes et des femmes qu’il avait lui-même choisis, formés et dirigés dans maintes batailles par le passé. Des amis, dans lesquels il pouvait placer sa confiance. Maintenant, c’était fini. Et le fils d’Orion s’était échappé. Rendant le sacrifice de son armée inutile. Jack avait échoué à l’arrêter. Ou du moins, c’était ce qu’il disait. Le baroudeur voyait bien le regard soupçonneux que lui lançait le guerrier. Il décida de l’interpeller à ce propos : «Je ne suis pas responsable de cet échec, et si j’avais pu faire quoique ce soit pour l’empêcher, je l’aurais fait.

  • Est-ce que tu sous-entends que c’est moi le responsable ?

  • Jamais je ne dirais ça.

  • Ça ne t’empêche pas de le penser. Mais ce que j’ai vraiment du mal à comprendre, c’est comment tu as pu laisser le fils d’Orion s’échapper ? Tout le monde sait que tu es le meilleur guerrier qui existe, aucun de ses soldats n’aurait pu te battre. Tu fus le premier sur le champ de bataille, tu as affronté plus d’adversaires que personne et pourtant tu n’as reçu aucune blessure. À l’exception de celle qui t’as rendu inconscient.

  • Je me suis battu à tes côtés, je t’ai sauvé la vie et tu me remercies par des accusations ?»

Dragonlips ne répondit pas tout de suite, remarquant que je me dirigeais dans leur direction : «Ce n’est peut-être pas le moment d’avoir cette conversation.» Fit-il remarquer au baroudeur en jetant un coup de tête dans ma direction.

Depuis mes premiers pas dans cet univers étrange et inhospitalier, j’ai côtoyé la mort plus que je ne l’aurais voulu, mais jamais autant qu’aujourd’hui. J’approchais donc à pas hésitants vers celui qui devait souffrir le plus de ce carnage. Gardant une distance respectueuse, je lui présentai mes condoléances. «Merci petit homme, j’aurais souhaité que tu ne sois jamais témoin des horreurs de la guerre, répondit-il.

  • Hélas, tant qu’il se trouve parmi nous, les horreurs ne manqueront pas de l’atteindre. Peu importe avec quelle ferveur nous cherchons à l’en protéger, intervint Jack.

  • Si je peux me permettre, je n’hésiterai jamais à profiter de votre aide, si vous me la donnez. Mais je ne suis pas votre responsabilité, et jusque-là j’ai réussi à survivre plutôt bien. Au contraire, si je peux vous aider de quelque manière que ce soit, je le ferai.»

Dragonlips mit un terme à la conversation, se dirigeant vers Le et me laissant seul avec le baroudeur. Après quelques instants d’un silence gêné, je décidais de me lancer : Je t’ai entendu parler avec Orion.» Il ne répondit pas tout de suite, m’observant d’abord d’un œil stupéfait. Puis il se mit à sourire, pour ensuite ricaner. En face, j’essayais de paraître sérieux, presque menaçant, mais sans succès. Il continuait de rire silencieusement. Finalement, il s’agenouilla pour se retrouver au même niveau que moi. Il plaça sa main sur mon épaule et déclara simplement : «Ton honnêteté est probablement la caractéristique la plus dangereuse de ta personnalité.

  • Je peux aussi mentir si je le veux, je suis magicien.

  • Peut-être que tu devrais le faire plus souvent si tu maîtrises ce talent autant que tu le prétends.

  • Sauf que je n’aime pas mentir. Mais assez tergiversé, as-tu laissé le fils d’Orion s’échapper, oui ou non ?»

Soudain, sa bonne humeur disparut, il prit un air sombre et serra un peu plus sa main sur mon épaule. Me faisant me sentir mal à l’aise, alors que jusque-là je ne m’étais jamais senti en sécurité qu’avec lui. Il prononça ces mots d’une voix sérieuse : «Je n’espère pas que tu comprennes mes actions, je veux juste que tu saches que j’agis et que j’ai toujours agi pour le bien de tous.» Sa phrase achevée, il se releva pour partir, me laissant en plan. Je comprenais à peine que je n’avais même pas pu aborder le sujet de la résurrection de Zapar.

Je levais la tête vers les remparts, là se trouvait Sam’ell et Leonae, observant vers le lointain. Du moins c’est ce que je pensais, avant de comprendre que l’une était aveugle et l’autre, du sang intelligent dans un cadavre emprunté. Éloigné du reste de notre compagnie, ils discutaient. «Que penses-tu du paysage ? Interrogea Sam’ell.

  • Aurais-tu oublié que je suis aveugle ? répondit l’elfe.

  • Il y a d’autres manières de voir.»

Leonae parut réfléchir, avant de parler. Lorsqu’elle fut décidée, elle répondit avec un petit sourire : «La lumière brille avec douceur, comme si le massacre derrière nous ne s’était jamais produit. C’est à la fois magnifique et insensible.

  • Pourquoi insensible ?

  • Parce que des gens sont morts, et le soleil s’en fiche.

  • Les morts aussi s’en fichent. Comme le soleil, ils sont passés à autre chose. Et comme eux, nous devons le faire aussi. C’est plus dur pour certains, mais ce n’est jamais impossible. Tout comme j’ai fait le deuil de mon corps, et tout comme tu as fait le deuil de tes yeux. Nous avons appris l’un comme l’autre à vivre sans.

  • Et la vie n’a jamais été la même.

  • Oui. Différente, certes, mais pas forcément moins belle.»

Ils s’arrêtèrent quelques instants, comme bloqués dans un souffle. Réalisant qu’ils avaient plus en commun qu’ils ne l’auraient cru à l’origine. Ils semblaient tous deux voir le monde de la même manière. Leonae crut opportun de creuser un peu plus leurs similarités : «Si tu n’es que du sang, comment fais-tu pour voir ?

  • Je ne vois pas. N’ayant pas de cerveau pour relayer l’information, je ne peux pas vraiment la visualiser.

  • Et pourtant, tu peux admirer le paysage comme moi ?

  • Comme toi, il m’a fallu du temps pour apprendre à percevoir ce qui m’entoure. Mais, grâce à la magie, j’ai réussi. C’est différent du temps où j’avais un corps, mais ce n’est pas forcément désagréable. Si je peux, j’essaierai de t’apprendre. »

Tous deux se figèrent, observant vers le lointain. Quelque chose arrivait, quelque chose de puissant.

Il me fallut encore quelques instants à observer la cour du château, pour remarquer que quelqu’un manquait à l’appel. Zelbe n’était plus là. Reprenant soudainement mes esprits, je me précipitais vers le gros du groupe composé de Dragonlips, Cro, Orsel et Le. Inquiet, je leur appris que la démone avait disparu. Le guerrier toujours blessé apporta la réponse : « Je l’ai vu recevoir une blessure mortelle pendant la bataille puis plus rien. L’ennemi l’a probablement capturée. Pourquoi ? je n’en sais rien.

  • Peut-être pour qu’elle puisse les aider à protéger Malie ? suggéra Orsel.

  • Qu’est-ce que tu entends par là ? interrogea Cro.

  • Dragonlips, tu as entendu comme moi la manière dont le fils d’Orion en parlait ? Il croit vraiment agir pour son bien, ce qui le rend d’autant plus dangereux.»

Le corps de Zapar gisait toujours au sol. Serions-nous capables de le ramener ? Devrions-nous le ramener ? Je ne pouvais m’empêcher de me demander si ce fils d’Orion n’avait pas raison. Ou, en tout cas, si nous n’avions pas tort. Après tout, le massacre qui avait eu lieu ici, avait été causé par notre quête et uniquement par elle. L’armée de Dragonlips n’avait rien demandé. La majorité de ses soldats ignorait probablement la présence d’un prisonnier dans leur donjon, et encore moins savaient-ils à propos de notre quête. Ils sont morts sans savoir pourquoi. Mais le pire, c’est que je commençais à penser que si la mort était venue me trouver, moi-même, je n’aurais pas su pourquoi. Soudain, dans une détonation fulgurante, trois individus vêtus de tenue marron atterrirent dans la cour.

« Où se trouve le dénommé Jack ? » Interrogea le plus imposant des trois, qui tenait une masse dans sa main droite. Le baroudeur saisit aussitôt son épée. Se mettant en garde, il jaugeait ses adversaires. C’était des prêtres du Plan des Anciens. Ce qui ne pouvait vouloir dire qu’une chose : ils étaient là pour le capturer et pour qu’il réponde de son crime le plus abject, la libération du dragon Elrara. Le même acte pour lequel Jack cherchait à faire pénitence depuis des centaines d’années. Pourtant il n’était pas prêt à se rendre sans combat : «Qui le demande ? interrogea-t-il, alors même qu’il connaissait très bien la réponse.

  • Nous représentons les Anciens, et nous sommes venus mettre un terme à tes abjectes activités. Toi qui as libéré le dragon Elrara, tu passeras le reste de ton existence, aussi longue soit-elle, au fond d’un cachot.

  • Curieusement, cette perspective ne m’intéresse pas réellement. Et si vous pensez pouvoir m’arrêter, je vous invite à essayer.»

Le temps d’un souffle passa et la première attaque éclata. L’un des Anciens venait de créer une gigantesque boule de feu qu’il avait aussitôt projetée dans la direction de Jack. Ce dernier ayant vu venir l’attaque, se contenta de courir sur la droite pour l’éviter avant de brutalement changer de direction pour contre-attaquer. Il lui restait quelques mètres à traverser lorsqu’un des deux autres prêtres claqua violemment du pied sur le sol, provoquant une onde de choc dans la direction du baroudeur. De nouveau, celui-ci l’avait vu venir et il se contenta de sauter par-dessus. Maintenant dans les airs, il s’apprêtait à atterrir sur le groupe, le dernier soldat qui n’avait toujours pas agi se saisit de sa masse pour frapper son assaillant. Au lieu de ça, Jack atterrit sur l’arme et prit une impulsion pour atterrir derrière le groupe. De là, il frappa légèrement le plus imposant des trois, pas assez pour le tuer mais assez pour le faire paniquer. Celui-ci se retourna violemment, oubliant temporairement que son allié se trouvait sur le chemin de sa masse. Ce dernier aurait pu facilement l’éviter si Jack ne venait pas tout juste de lui jeter une poignée de terre dans les yeux. L’Ancien qui avait provoqué l’onde de choc subit de plein fouet le coup de masse de son coéquipier. Le baroudeur, ne perdant pas un instant son avantage, prit appui sur l’imposant prêtre devant lui pour asséner un violent coup de pied à celui qui venait de lui jeter une boule de feu. Deux de ses ennemis étaient déjà à terre, Jack ne perdit pas un instant pour se débarrasser du dernier : du plat de son épée, il lui frappa violemment l’arrière de la jambe pour le faire tomber en arrière.

Se retournant vers ceux qu’il pensait être ses alliés, le baroudeur se retrouva face à face avec Dragonlips tenant son épée pointée vers lui. Jack n’avait pas beaucoup de temps avant que les Anciens ne se relèvent, mais il devait quand même confirmer ses soupçons : «C’est toi qui les as appelés ?

  • À la seconde où tu as mis le pied dans mon château, j’ai envoyé un de mon plus fidèle soldat prévenir les Anciens de ta présence.

  • Après que nous nous sommes battus côte à côte, je m’attendais à plus d’honneur de la part d’un guerrier Pur aussi réputé que toi, rétorqua Jack à mi-chemin entre la rage et la moquerie.

  • Honneur ? Tu oses me parler d’honneur ? Toi qui as libéré le terrible dragon Elrara ? As-tu la moindre idée du nombre de victimes qu’il a causées dans son sillage ? Du nombre de vies perdues par ta faute ?

  • J’ai passé les deux derniers siècles à me racheter pour cette erreur ! hurla le baroudeur, perdant sa concentration dans sa rage.

  • Aucune de tes actions ne pourra te racheter.»

Sur ces mots, Dragonlips se précipita sur son adversaire, fermement décidé à l’abattre. Jack aurait pu l’éliminer sans aucun problème, le guerrier qui lui faisait face était encore gravement blessé du fait de la bataille de la veille. Pourtant le baroudeur hésita, ne souhaitant pas tuer quelqu’un qu’il considérait encore comme un ami, même après cette trahison. Et plus important encore, il savait que je regardais. Au lieu de ça, il chargea également vers Dragonlips mais, au dernier moment, il prit appui sur son épée pour sauter par-dessus lui, prenant appui sur son dos pour le propulser vers le sol. Le guerrier était expérimenté, si bien qu’il fut capable de se rétablir d’une roulade. Il fut debout en même temps que les soldats Anciens.

Jack se retrouva face à Le, Cro, Orsel et moi. La magicienne commença à agiter les bras et déjà l’air autour du baroudeur grondait. Peu importe à quel point il était un combattant aguerri, il ne pouvait rien faire contre la magie de Le et il le savait. Il l’avait prévu. C’est pour ça qu’il avait récupéré le collier anti-âge utilisé sur le fils d’Orion. Avant que son incantation soit terminée, la magicienne sentit le métal froid se refermer sur son cou. Tout aussi soudainement, elle fut privée de la source d’énergie dans laquelle elle avait toujours puisé. Le baroudeur se dirigea ensuite vers Orsel, prêt à l’éliminer également pour passer. Mais le monstre remarqua quelque chose et prit la décision de se placer en bouclier devant les humains à ses côtés. Jack comprit aussitôt de quoi il s’agissait, se retournant brutalement, il frappa de toutes ses forces dans la boule de feu lancée par le prêtre, espérant amortir son impact. Il réussit en partie, mais Orsel fut néanmoins touché. Quant à lui, il sentit son visage commencer à fondre. La douleur était insupportable, pourtant il la supporta. Il n’avait pas d’autre choix, il devait continuer à avancer. Sa destination était claire, il devait aller au donjon. Mais il était ralenti, trop lent pour agir lorsqu’un gigantesque mur de pierre se présenta devant lui. Ce mur était le résultat d’une incantation de l’un des Anciens, lesquels se dirigeaient vers lui, prêts à en découdre. Il avait reçu trop de blessures pour pouvoir agir correctement. Il avait perdu l’avantage en essayant de protéger ses amis. Le guerrier à la masse attaqua le premier, Jack fit un pas de côté pour esquiver, sa vision à moitié brouillée par son œil en train de bouillir. Il ne vit pas le deuxième coup arriver et le prit en plein ventre. Le temps qu’il se remette de cette attaque, il était trop tard. La gigantesque masse s’abattit sur son crâne dans un bruit de craquement effroyable. N’importe qui serait mort à sa place, lui avait encore suffisamment d’activité cérébrale dans son cerveau qui commençait déjà à se régénérer pour se demander pourquoi il n’avait pas tué les soldats quand il en avait eu l’occasion ?

Jack tomba inconscient, sa tête couverte de sang et de boue. Il gisait maintenant parmi les trop nombreux cadavres présents dans la cour. Dragonlips était resté en retrait, il observait les trois prêtres du Plan des Anciens agir. Dans son regard, on pouvait apercevoir du doute. Orsel souffrait, mais elle nous avait protégés. Et elle savait que sans l’intervention du baroudeur, elle aurait sûrement brûlé. Le était en état de choc, ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait séparée de la source de magie, mais la dernière fois, c’était dans son académie. Dans un environnement contrôlé. Elle se sentait impuissante, et ce n’était pas un sentiment plaisant. Le soldat a la massue commença à traîner Jack dans la direction de la sortie quand une flèche se planta devant lui, bientôt suivie par Leonae qui atterrit de manière à leur bloquer le chemin. À son côté se trouvait Sam’ell qui semblait déterminer à la suivre, quel que soit son plan. Le prêtre des Anciens les interpella d’un ton aboyant : «Cet homme mérite d’être jugé par les Anciens, je vous demande de vous écarter pour que nous puissions accomplir notre mission.

  • Ses crimes sont nombreux, répondit l’archère, et son jugement viendra. Mais pas par vous.»

Pour ponctuer sa phrase, elle banda son arc dans la direction de la brute. De là où je me tenais, je pouvais voir la flèche briller d’une étrange lumière bleue. Clairement, ce n’était pas un projectile ordinaire. Qui plus est, le bout n’était pas pointu, au contraire il était plat. Il y eut le temps d’un battement, le prêtre à la masse jaugeant sa nouvelle adversaire. Dans le même mouvement, il lâcha Jack et leva haut son arme pour l’abattre sur l’elfe. Celle-ci décocha sa flèche qui frappa sa cible comme un ouragan, l’envoyant voler à plusieurs mètres. Un nouveau combat commençait.

Le prêtre qui maniait la magie du feu invoqua un nouveau projectile incandescent, mais avant qu’il ne puisse s’en servir, Sam’ell était sur lui. Le cadavre ambulant frappa une première fois à la trachée pour empêcher le magicien de parler, puis il lui tordit le bras pour qu’il ne puisse plus du tout lancer d’incantation ou de sort. L’attaque était intervenue avec une telle vitesse que l’Ancien, pourtant entraîné au combat par les plus puissants prêtres, n’avait rien vu venir. Le dernier des soldats Anciens, celui qui maîtrisait la terre comme personne avant lui, se retrouva en prise avec Cro. Lequel se démenait pour éliminer son adversaire. Ce dernier esquivait avec aise chacune des attaques du chasseur, le désarmant avant de l’envoyer violemment valser. Avant de pouvoir s’attaquer à une cible plus conséquente, Cro s’était relevé pour attaquer de nouveau, cette fois à main nue. Il décocha un crochet du droit, puis du gauche, manquant sa cible à chaque fois. Le prêtre semblait danser avec aise, économisant ses mouvements pour les combats suivants. Il frappa du pied au sol et une colonne de terre jaillit frappant le chasseur à la tête et le mettant une fois pour toutes K.-O. Pendant ce temps, Leonae se battait avec le plus gros des trois prêtres. Tous deux semblaient se battre à forces égales, pourtant ils s’appuyaient chacun sur des caractéristiques opposées. L’archère privilégiait la vitesse, tandis que son adversaire comptait sur sa force. L’une sautait en arrière pour s’éloigner de son ennemi, l’autre se jetait en avant pour la garder à portée de son arme. L’elfe hésitait à utiliser ses flèches, ne voulant pas tuer son adversaire. Ce dernier cherchait à mettre un terme à la menace en face de lui sans pour autant la tuer. Ses attaques se dirigeaient vers l’arc de Leonae et celle-ci esquivait habilement. Elle connaissait son but, qui n’était pas de gagner ce combat, mais juste de gagner suffisamment de temps pour que le pouvoir de Jack le ramène.

Sam’ell ayant maîtrisé son adversaire, il accourut au secours de Leonae, ou du moins c’était l’objectif. Mais il ignorait que le prêtre à la masse était l’une des meilleures recrues de Serebeorth, le grand entraîneur des Anciens. Rien que pour éviter ses attaques, l’elfe avait dû faire preuve de réflexes plus rapides que des éclairs. Le cadavre ambulant, bien que rapide, était loin d’avoir la souplesse de l’archère. Il fut mis à terre, la jambe brisée avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Voyant qu’il était allé plus loin qu’espérer, le soldat mit sa masse à terre : « ça suffit, je n’ai aucune intention de vous faire plus de mal. Laissez-nous accomplir la mission que Seth nous a confiée personnellement avant que nous ne provoquions plus sa colère.

  • Quel droit a cette Seth pour juger Jack plus qu’un autre ? demanda Leonae pour gagner encore un peu plus de temps.

  • C’est la descendante directe de Jette, le grand guerrier ancien qui a battu et enfermé Elrara à l’origine. Elle a fait son devoir de l’arrestation et du jugement de Jack le libérateur. Mais je ne souhaite tuer personne. Qui plus est, vous semblez avoir perdu suffisamment d’amis pour en ajouter par ce combat.»

En faisant cette remarque, il parlait des nombreux cadavres se trouvant encore à nos pieds. Je voulais lui crier : «C’est exactement pour ça qu’on ne vous laissera pas prendre un autre de nos amis.» C’est ce que je voulais lui dire de toutes mes forces, mais tout ce qui sortit de ma bouche fut une voix provenant du plus profond de mon corps, parlant une langue que je ne connaissais pas. Aussitôt, les deux soldats Anciens encore valides se tournèrent dans ma direction. Ce qui permit à Jack, qui venait de reprendre conscience, de s’enfuir en courant vers les donjons. J’ignore ce qui s’est passé après, car j’ai perdu connaissance.


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