Chapitre 17 : La première confrontation
- lorkhanponey
- 2 sept. 2017
- 14 min de lecture
La carte fournie par le Gengrim Foktor nous mena sur une planète nommée Bakta située très proche du monde principal du Plan de la Compassion, c’est-à-dire le monde qui est relié au Grand Champ de Bataille par un portail. Je pense que ce processus de déplacement mériterait un petit peu plus de détails. Imaginez, vous passez à travers ce qui ressemble à une porte et vous arrivez sur un autre monde. Encore mieux, vous arrivez dans un autre univers. Comme si une porte quelque part sur terre menait à une autre planète dans la galaxie d’Andromède. Le passage n’est pas douloureux, d’ailleurs on ne sent absolument rien et c’est fini avant d’avoir commencé. Le plus étonnant, c’est que personne ne sait réellement d’où viennent ces portails, ni comment ils fonctionnent réellement. Personne ne peut en créer, à part les démons selon Dragonlips. Mais à part le démon qu’on a rencontré au tout début de cette histoire (celui qui a failli tuer le guerrier et la magicienne), je n’ai jamais vu de bêtes démoniaques en créer un. J’aurais probablement pu demander à Zelbe, mais elle me faisait peur.
Après avoir fait un premier pas sur le monde ou devait se trouver notre cible, il fallait réussir à la localiser. La carte nous mena à un camp de réfugiés. Celui-ci sentait de loin : l’odeur de la chair brûlée, du sang et de l’acier. Leonae avait appris à reposer bien plus sur ses autres sens depuis qu’elle avait perdu ses yeux, et dans ce cas précis ce n’était pas du tout une bonne chose. Elle s’accrocha pour ne pas nous abandonner, mais il suffisait de la voir pour constater que l’odeur était pour elle insupportable. Quant à moi, je pense que si j’avais mangé quelque chose récemment, j’aurais tout vomi avant même d’arriver à cinquante mètres des premières tentes. Depuis que Sam’ell avait établi ses quartiers à l’intérieur de mon corps, mes sens étaient beaucoup plus développés. Tout comme pour Leonae, dans ce cas précis cela jouait contre moi. Mais je pense qu’en même temps, d’une manière ou d’une autre il me permettait de mieux garder le contrôle. Une fois arrivé à ce qui constituait l’entrée du campement, c’était bien pire. Partout, des hommes et des femmes blessés gémissaient de douleur. Ici et là, leurs membres arrachés avaient été remplacés par des bandages grossièrement placés. Certains n’avaient pas encore pu recevoir de secours et se vidaient toujours de leur sang. D’autres avaient la peau brûlée, parfois avec des morceaux de leur armure fusionnés à leur chair. D’autres encore ne respiraient plus, leur cœur avait cessé de battre et leur cerveau ne présentait plus aucune activité électrique. À mesure qu’on avançait vers le centre du campement, le bilan s’aggravait, les blessures devenant plus sérieuses, les morts plus nombreux et la misère plus étouffante. Je ne connaissais aucune de ces personnes, pourtant je ne pouvais m’empêcher de pleurer sur leur sort, et je n’étais pas le seul. Le versa une larme, Cro s’étouffa à cause de l’odeur et Jack observait le tout comme s’il était responsable.
La présence dans notre groupe d’un monstre et d’un démon n’aidait pas, mais personne ne cherchait à les tuer. La plupart en avaient peur, mais dans leurs yeux c’était très clair. Ils en avaient plus qu’assez de souffrir. S’ils avaient pu choisir la mort, ils l’auraient fait sans aucun doute. Zapar commença à se renseigner, demandant à ceux qui tenaient le mieux debout s’ils avaient vu un certain fils d’Orion. Tous semblaient le connaître, désignant la tente principale, ils parlaient de lui comme de leur héros. L’un disait que c’était grâce à lui qu’il était encore en vie, d’autres faisaient de vagues menaces déclarant qu’ils feraient n’importe quoi pour protéger leur sauver si on venait lui chercher des ennuis. Le prêtre n’était aucunement impressionné, il avait un objectif et il n’était pas près d’en dévier. Le campement était particulièrement grand, il nous fallut bien dix minutes pour arriver au centre où se trouvait la plus grande tente. C’est là que notre cible opérait.
« Opérer » est le bon terme, car celui que tout le monde désignait comme le fils d’Orion était en train d’essayer de soigner un gamin. À peine plus âgé que moi, il tenait toujours une épée à la main comme s’il était incapable de la lâcher. Son torse présentait un trou béant, trou que le chirurgien penché au-dessus de lui faisait tout pour refermer. A sa vue, Zelbe se jeta sur lui pour le plaquer au sol mais elle fut interceptée par Jack : « Je sais qu’on doit l’interroger, mais on ne peut pas l’arrêter maintenant. Si on le fait, cet enfant mourra sans aucun doute. » La démone accepta de se calmer, et nous ne pûmes qu’observer les efforts acharnés de celui que je croyais être notre ennemi. Pourtant, il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour sauver une vie. Il utilisait de la magie pour manipuler plusieurs instruments en même temps, se servant de pouvoirs de télékinésie pour ralentir l’hémorragie. Malheureusement, c’était insuffisant. Le gamin souffrait énormément, et semblait partir un peu plus vers l’au-delà à chaque seconde. Malgré les efforts pour le ramener dans le monde des vivants, il finit par succomber à ses blessures. Lorsqu’il rendit son dernier souffle, il lâcha son épée, comme si sa mission était enfin finie. Ce qui me choquait le plus, c’était l’expression de défaite visible sur le visage du fils d’Orion. Il était réellement triste. Il avait fait tout ce qu’il pouvait pour ce garçon, et son échec le déprimait au plus haut point. C’était même plus que ça, il était complètement abattu. Comme si cet enfant avait été le sien. Est-ce que c’était le cas ? Zapar ne lui laissa pas un instant pour se remettre.
« C’est toi qui prétends être le fils d’Orion ? » demanda le prêtre. Il y eut d’abord un silence, puis l’interrogé sembla reprendre ses esprits et se décida à répondre : « Je ne prétends rien du tout, j’ai repris ses valeurs, j’ai repris sa quête, j’ai repris ses fidèles. Je ne suis peut-être pas de son sang, mais il est pour moi un père, ce qui fait de moi son fils.
Orion était un fou, éclata Zapar, je l’aurais suivi jusqu’au bout alors qu’il voulait m’emmener à la fin de toute vie. Je ne regrette pas, et je ne regretterai jamais de l’avoir tué. Si tu te mets en travers de mon chemin, je t’abattrai également. »
Le fils d’Orion paraissait furieux, mais en même temps il semblait se contenir. Comme s’il ne voulait pas éclater de colère devant nous ou devant les autres blessés toujours dans la tente. Il finit par répondre : « Et quel chemin parcours-tu, prêtre ? » Il avait prononcé le mot « prêtre » d’une manière dédaigneuse, comme s’il voulait montrer du respect alors qu’il n’en avait aucun. Zapar fit un signe à la démone qui empoigna notre cible par le cou, le soulevant de plusieurs centimètres. Elle reprit la discussion en ces termes : « Arrête de jouer et dis-nous où se trouve Malie, parle sans tarder où je peux t’assurer que je tuerai tout le monde jusqu’à ce que tu te décides à parler. » Cette menace était horrible, mais efficace. Quels que soit ses torts, il était clair que le fils d’Orion attachait de l’importance aux blessés se trouvant dans ce camp. La question déterminant si Zelbe était sérieuse ou non dans ses propos me paraissait plus délicate. D’un côté, elle ne paraissait pas cruelle pour une démone. De l’autre, elle appartenait à la famille des démons.
Le fils d’Orion sembla prendre la menace très au sérieux. « L’Eptihy est en lieu sûr. Et elle y restera, sous ma protection jusqu’à ce qu’elle puisse utiliser son pouvoir. » Zelbe le lâcha juste pour que Zapar puisse le saisir et le plaquer contre un poteau servant de soutien à la tente. « Tu vas nous dire où elle se trouve, s’écria-t-il, et nous allons la sauver de tes griffes ou je peux te jurer que…
Que quoi ! Interrompit le fils d’Orion en hurlant plus fort que le prêtre, tu vas me tuer comme tu en massacres des millions chaque jour ? ! Toi et les anciens, faisant tout ce qui est en votre pouvoir pour que la guerre continue encore et encore ! Tous ces gens que tu vois autour de toi, ne détournent pas les yeux car ils sont là par ta faute.
Je n’ai tué personne ! »
Zapar était furieux, sa main se mit à briller comme s’il invoquait un éclair pour terrasser son interlocuteur. Il fut retenu par Dragonlips qui le fit reculer de plusieurs pas, l’avertissant : « Quoi qu’il t’ait fait, il semble très apprécié par tous ceux qui se trouvent dans ce clan. Si tu le tues, ou si tu le blesses d’une quelconque autre manière, ils seront sur nous avant que son corps n’ait touché le sol. »
Le prêtre jeta un œil autour de lui. Les blessés étaient tous debout, même ceux à qui il manquait une jambe, même ceux qui semblaient souffrir le martyre. Ils observaient tous la scène, prêt à intervenir. Deux personnes arrivèrent dans la tente en courant, ils tenaient quelqu’un qui semblait dans un état encore pire que le gamin qui s’était trouvé sur la table il y a quelques minutes. Celui-là était une elfe, et à peine avait-elle été posée que le fils d’Orion se précipita commençant sans attendre à opérer. Il s’écria : « Que quelqu’un les fasse sortir que je puisse sauver cette elfe. » Plusieurs occupants de la tente commencèrent à se diriger vers nous, mais c’est Dragonlips qui poussa Zelbe et Zapar dehors, les deux ne savaient plus trop comment réagir. Le décida de rester, utilisant sa magie pour assister le chirurgien dans son opération.
Une fois dehors, l’étrangeté de la situation devint presque tragique. L’homme à l’intérieur avait avoué l’enlèvement de Malie, mais nous avons été incapables de lui faire dire où elle se trouvait. Pas par manque de force, le groupe que nous formions aurait pu affronter absolument tous ceux qui auraient voulu nous opposer. Mais pouvions-nous vraiment attaquer des rescapés de la guerre pour le crime d’un seul homme ? Un homme qui s’employait du mieux qu’il pouvait à sauver les rescapés en question. Zapar semblait être décidé à faire cracher l’information au fils d’Orion, Peu importe qui se mettrait sur le chemin : «Qui sait ce qu’il est en train de faire à Malie ! Et quand bien même il pense la protéger, qu’adviendra-t-il lorsqu’elle sera en âge d’utiliser son pouvoir ?
Mets-toi à leur place, de quel droit pouvons-nous prétendre la protéger mieux qu’eux ? Et si on avait l’intention de l’utiliser nous aussi ? Pour quelque chose de bien pire, raisonna Dragonlips.
Est-ce que c’est pour ça que tu nous aides ? Parce que tu veux te servir d’elle, peut-être pour mettre un terme au règne des démons, intervint Zelbe.
Même si c’était le cas, est-ce que tu pourrais m’en vouloir ? Je sais pas si t’es au courant, mais les représentants de ton espèce ne sont pas aussi calmes que toi. Et quand je vois ce que t’as fait dans cette tente, peut-être que toi non plu,s tu n’es aussi bien intentionné que tu sembles le faire croire !
Tu ne sais rien de ce que j’ai vécu avec Malie. J’étais seul depuis des siècles avant qu’elle mette le pied sur ma planète… Elle a sauvé mon âme…»
La dispute s’arrêta d’un coup. Tout le monde se tourna vers Zelbe, lorsque quelque chose que je pensais impossible se produisit. La démone versa une larme. Celle-ci tomba par terre et se mit à brûler. La chaleur était incroyable pour une aussi petite goutte. Tout le monde fut surpris, mais aucun autant que Dragonlips. Après avoir été élevé dans le seul objectif de devenir un tueur de démons, après avoir grandi en accomplissant la destinée qui avait été tracée pour lui, il n’aurait jamais imaginé qu’un démon pouvait pleurer comme un humain. La conversation continua, mais je décidai de m’en écarter.
Cro s’était éloigné dès qu’on était sorti de la tente. Il semblait mal depuis qu’on était arrivé, mais je commençais à peine à comprendre que ce n’était pas lié aux odeurs ou aux horreurs nous entourant de chaque côté. Il semblait entendre des voix. Et par là je veux dire qu’il agissait comme moi lorsque Zelim me parlait. Je le vis s’asseoir derrière une tente et commencer à parler tout seul : « Tu n’es pas réel, tu n’es pas en train de me parler. C’est juste une hallucination, j’ai du mal digérer quelque chose. D’un autre côté, je n’ai pas mangé depuis plus d’une journée. C’est peut-être aussi lié à ça. » Hésitant d’abord, je choisis de m’approcher. Il me vit arriver et se tut. Mais bien vite, malgré lui il se mit à chuchoter. Il voyait bien que je le remarquais et il décida de me faire signe de m’approcher. J’avançais pour m’asseoir à ses côtés : « Faut que tu saches que si t’es en train d’halluciner, c’est pas un problème. Ça m’arrive assez souvent aussi.
De ce que j’ai compris, t’es possédé par un démon. Ce qui explique tes visions.
Je suis pas possédé, je suis habité, nuance. Mais je vois où tu veux en venir.
De toute façon, je ne suis pas sûr que ce soit vraiment des hallucinations. J’aimerais bien, mais j’ai déjà vu ce dragon et j’ai déjà entendu ce qu’il est en train de me dire.
Attends, attends, tu vois un dragon là ? quelle taille il fait ?
Aussi grand que dans mes souvenirs. Il écrase dix tentes pour arriver à mon niveau. Il veut que je le tue, que je prenne sa place. Comme le grand Chelcar avant moi.
Pourquoi est-ce qu’il veut que tu prennes sa place ?
Pour garder son trésor. J’ignore ce que c’est, mais depuis notre rencontre avec Foktor, je sais que ça à l’air important. Je pense que c’est pour ça que j’ai ces visions. J’ai trouvé ce dragon en explorant des ruines avec mon petit frère sur mon monde natal. Il m’a dit qu’il allait mourir et que son trésor se retrouverait sans protection sauf si je prenais sa place. Je crois que c’est ce que je suis censé faire. C’est ce que le destin a prévu pour moi.
Mais est-ce que toi tu veux garder ce trésor ? »
Cro réfléchit pendant quelques instants, il regarda vers le ciel, pensif. Il ignorait quelle réponse me donner. Finalement, il se tourna vers moi avec un demi-sourire : « Tout dépend du trésor que c’est.
Tu veux dire que t’es parti sans savoir ce qu’était le trésor ?
Le fils d’Orion est sorti de la tente, interrompit Leonae toujours mal à l’aise à cause des odeurs.»
De retour à la tente, la situation était plus tendue que jamais. D’un côté se trouvait mon groupe, armes sorties de leurs étuis, prêt à attaquer. De l’autre, le fils d’Orion était entouré par ce qui semblait être un groupe de gardes. En observant un peu mieux, on pouvait voir des bandages dépasser de sous leurs armures, laissant supposer qu’ils étaient également des rescapés de la guerre. Ils se trouvaient devant leur sauveur, prêts à en découdre avec quiconque essaierait de le leur enlever. Le temps que j’arrive, Zapar avait fait s’abattre quelques éclairs dans le vide en guise d’intimidation. Mais il hésitait toujours à attaquer des blessés. J’ignorais quoi faire, mais je devais essayer quelque chose : « Nous ne vous voulons aucun mal, mais nous devons absolument retrouver notre amie. Fils d’Orion, si vraiment vous voulez la protéger, vous aurez sûrement besoin de notre aide ou en tout cas de l’aide de mes amis.
Tu parles avec bravoure pour un enfant, répondit-il, mais tu n’as pas la moindre idée de la situation. Ceux que tu suis n’ont aucune intention de protéger l’enfant, ils veulent uniquement garder son pouvoir hors de l’atteinte de ceux qui en ont besoin. Si cette mission devient trop difficile, ils n’hésiteront pas une seconde à l’abattre.
Non, tu te trompes. J’ai confiance dans leurs intentions.
Confiance ? ! Comment peux-tu avoir confiance en un démon ? Comment peux-tu te fier dans un prêtre pour qui les horreurs de la guerre sont un sacrifice acceptable ! Regarde autour de toi, et demande-lui ce qu’il en pense. Parce que ce ne sont pas les démons ou les monstres qui sont les vraies responsables de cette misère, ce sont les Anciens. Ce sont les gens comme lui !»
Un regard dans la direction de Zapar était suffisant pour comprendre qu’il savait exactement de quoi parlait le fils d’Orion. C’était probablement une réflexion qu’il s’était fait déjà plusieurs fois depuis notre entrée dans ce campement. Mais quelle conclusion avait-il tirée ? Ce n’était pas le moment de se poser cette question, je ne pouvais pas me permettre de douter, pas maintenant. «Laisse-nous te prouver notre bonne foi, proposais-je, accepte de nous parler et tu verras que nous sommes bons.
L’enfant a raison, continua Zapar, si tu veux à ce point vérifier notre bonne foi, laisse-nous te la montrer. Reviens avec nous au château de notre ami. Tu verras de tes propres yeux que nous avons la force nécessaire pour protéger au mieux Malie.»
Il y eut un silence. Tout le monde attendait pendant que le fils d’Orion réfléchissait. La situation était particulièrement tendue, quand finalement il donna sa réponse : « Vous avez raison, j’accepte de vous suivre pour vous laisser une chance de prouver votre valeur.
Seigneur, si vous faites ça, qu’adviendra-t-il des blessés qui arriveront pendant votre absence ? interrogea l’un des soldats inquiets.
Je vous ai déjà demandé de ne pas m’appeler Seigneur. Et n’aie aucune crainte, je ne serais pas partie longtemps. Pendant mon absence, le docteur Salen sera plus que capable de tenir le fort.»
J’ignore à quel point la situation avait manqué de dégénérer, mais je suis heureux qu’elle n’ait pas résulté en un bain de sang. Le fils d’Orion accepta de nous suivre, sans rien emporter avec lui. Pendant le trajet, il arborait une expression sérieuse et personne ne parlait. Tous semblaient se préparer pour ce qui allait se passer. Même moi, je pouvais sentir quelque chose d’étrange dans l’air. Durant le trajet, quelque chose d’autre se produisit. Quelque chose que personne ne fut capable de percevoir, Cro eut une vision de son passé : «Cro regardait autour de lui, il se trouvait dans une petite pièce dont les quatre portes arboraient un symbole différent. Dans l’ordre, il y avait un symbole de feu, un de goutte d’eau, un de pierre et le dernier était le symbole du vent. En même temps qu’il analysait les dessins, le jeune chasseur se demandait d’où provenait la lumière. Il n’y avait aucune source, pourtant elle était bien là puisqu’il voyait. Décidant que la tâche de retrouver son frère était plus importante, il ouvrit une porte au hasard. Il entendit un grand clac et se décala sur le côté avant qu’un jet de flammes ne menace de le rôtir. Vraisemblablement, le mécanisme devait être rouillé. Sinon il n’aurait pas eu le temps de s’écarter. Une rapide déduction l’amena aux conclusions suivantes : si la porte arborant le symbole du feu était piégée de cette manière, il était fort possible que le symbole de la terre promette un éboulement et celui de l’eau une noyade. Suivant ces réflexions, le symbole de l’air était le moins dangereux. De fait, c’est par cette porte que Cro sortit de la pièce et il n’eut à souffrir que d’un courant d’air froid. Le chemin qui s’ouvrait devant lui s’enfonçait dans les profondeurs. Il avait le sentiment de s’éloigner de Fro, mais il n’avait guère d’autre choix que d’avancer.»
Cette vision se fit très claire dans son esprit, mais vu la tension de la situation dans laquelle nous nous trouvions, il fit le choix de n’en parler à personne. Arrivé au château, je vis quelque chose d’autre se préparer. Zapar tendit quelque chose à Jack, indiquant d’un signe de tête le fils d’Orion. Je ne pus le voir que de loin, mais l’objet ressemblait à un anneau suffisamment grand pour aller autour du cou. Il ressemblait fortement à l’anneau que m’avait demandé de porter Foktor, mais suffisamment différent dans ses motifs pour que je comprenne qu’il avait une tout autre fonction. Je ne pus déterminer laquelle jusqu’à ce que Jack le force autour du coup du fils d’Orion où l’anneau se resserra jusqu’à ce qu’il ne puisse plus être enlevé. Il s’agissait d’un anneau qui annulait tout accès à la magie. Très concrètement, celui qui le portait ne pouvait plus lancer aucun sort magique. Le s’exclama : «Qu’est-ce que tu fais ?
Jette-le dans la plus petite cellule que tu puisses trouver, interrompit Zapar s’adressant à Jack, je viendrai rapidement pour l’interroger.»
J’observais incrédule alors que le baroudeur traînait son nouveau prisonnier jusqu’au donjon, accompagné par Zelbe. À peine était-il trop loin pour nous entendre que Dragonlips s’exclama : «Je croyais qu’on devait lui prouver qu’on était les gentils.
Il n’y a pas assez de temps pour ça, répondit le prêtre, sans parler du fait qu’on ignore s’il est sérieux. Il pourrait très bien nous mener par le bout du nez. Et dans la situation actuelle, nous ne pouvons pas nous permettre de nous faire manipuler. Malie pourrait être en danger, et son pouvoir pourrait s’activer du jour au lendemain.
Est-ce que ça veut dire que tu vas le torturer ? questionna Orsel. Je peux t’aider si tu le souhaites.
Je doute qu’il nous dise la vérité sous la torture. Il va falloir trouver un autre moyen d’agir.»
Sur ces mots, ils partirent en avant, me laissant avec Le, Leonae et Cro. Je pense qu’on se faisait tous la même réflexion. Le problème qui se posait devant nous était l’un des plus anciens : est-ce que la fin justifie les moyens ?
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