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Chapitre 13 : L'appel de l'aventure

  • Photo du rédacteur: lorkhanponey
    lorkhanponey
  • 5 août 2017
  • 12 min de lecture

« Je comprends pas pourquoi il a changé d’avis ? Il avait l’air déterminé à la tuer. » Mon interrogation était justifiée, Cro, qui était présent bien que dans les vapes au moment où l’essentiel de l’action s’était déroulé, n’avait pas vraiment compris la décision de Zapar. Pendant des années, il traque cette Epithy, et après l’avoir rencontrée pendant à peine deux minutes, il décide de lui prêter serment ? Quelque chose n’allait pas, c’était évident. Bien que personnellement, j’étais tout à fait d’accord avec l’idée de tuer une enfant, même si elle a le potentiel de détruire l’univers, j’étais également déterminé à comprendre ce qui s’était passé. Et justement, le prêtre sortit de sa maison, se frottant les mains couvertes de sang. Il n’a pas parlé tout de suite, et nous étions trop tendus pour dire quoique ce soit. Une minute a dû passer, seconde après seconde. Zapar regardant dans le lointain, s’essuyant dans une serviette qui perdait peu à peu sa couleur blanche. En le voyant comme ça, les rayons du soleil couchant se reflétant sur lui d’une manière qui ne le rendait que plus imposant, je ne pouvais qu’imaginer la réelle étendue de son pouvoir. Je ne peux pas correctement le décrire sans parler de ses yeux qui semblaient avoir vu la mort et tout ce qui se trouve après. D’une certaine manière, il me rappelait mon mentor, et pourtant il ne ressemble en rien à Robert.

« Ils vivront. J’ai refermé leurs plaies, y compris leurs blessures internes. Pour ce qui est de celui qui n’avait aucune blessure physique, il semble réparer son esprit par lui-même. D’ici à demain, ils devraient être réveillés et en état de partir. Dès que ce sera le cas, je veux que vous disparaissiez. » Sa tirade terminée, il rentra dans sa maison fermant la porte derrière lui. Pendant un moment, je me suis demandé où j’allais dormir. J’avais peur de me coucher trop près du prêtre, et en même temps j’avais trop peur pour dormir dehors sans protection. C’est à ce moment qu’Orsel est apparu. Je suis fier de pouvoir dire que je n’ai pas hurlé de peur à sa vision. Je me suis contenté de rester figé sans respirer, espérant que sa vision soit basée sur le mouvement. Quand j’ai vu Cro saluer le monstre, je me suis permis de respirer doucement, par le nez. Mais à part ça, je n’ai pas battu un cil. « Qu’est-ce qu’il a celui-là ? Pourquoi il bouge plus ?

  • Je pense que tu l’impressionnes.

  • Moi ? Je croyais que j’étais mignon. T’as dit qu’en me voyant on avait l’impression que je pouvais pas faire de mal à une mouche.

  • J’ai menti, on dirait que tu pourrais manger un éléphant dans un bol avec du lait.

  • C’est stupide. Un éléphant ça se mange cru ou en soupe.

  • Je veux pas paraître méchant, mais tes goûts culinaires ne jouent pas en ta faveur pour l’aspect monstre. »

Ils commencèrent à se disputer, comme si le monstre avait honte de son apparence. D’ailleurs, plus leur conversation avançait, plus il apparaissait évident que c’était le cas.

J’ignore combien de minutes passèrent, mais pendant tout ce temps je n’ai pas bougé d’un quart de millimètre. Pas même quand une mouche s’est posée sur mon visage et a commencé à se balader sur ma joue. Pas plus quand j’ai senti une araignée grimper le long de ma jambe. Ni quand j’ai commencé à sentir l’odeur d’Orsel qui s’avéra être pire que celle de mes chaussettes la fois où j’ai porté les mêmes pendant une semaine pour répondre à un défi. Encore moins quand j’ai senti une flèche fendre l’air juste à côté de moi pour se planter dans le monstre. Mais quand il a poussé un hurlement de douleur, j’ai sauté en arrière, atterrissant sur mes fesses dans la terre. En me retournant, j’ai vu un groupe de quatre hommes, probablement des mercenaires à en juger par leur tenue et leurs armes. Ils semblaient déterminer à mettre fin à la vie du monstre, lequel semblait encore plus déterminé à ne pas se laisser faire. L’un d’entre eux banda son arc, prêt à tirer, ce qu’il aurait probablement fait si une autre flèche n’avait pas tranché la corde de son arme laquelle le frappa à l’œil en se détendant trop vite.

Une femme arriva d’un air confiant, son arc à la main, elle avança sans jamais s’arrêter vers le groupe de mercenaires. Les hommes, furieux d’être interrompus, sortirent leurs armes, prêt à en dérouiller. Derrière, Cro sembla s’enrager et se précipita dans la mêlée, plaquant l’un des mercenaires au sol alors que la femme arrivait au contact des autres. Il se battit bravement, sa cible étant celui qui était déjà blessé à l’œil, il fit de son mieux pour le maintenir au sol. Il frappa, puis frappa encore, puis il prit un coup qui le fit basculer sur la droite. Les positions ainsi changées, il se retrouva au sol à se faire tabasser par le mercenaire. Il prit un coup, puis un deuxième, puis un troisième jusqu’à ce qu’enfin il réussisse à dégager sa jambe pour pousser son adversaire en arrière. Enfin débarrassé, il se releva prêt pour le deuxième round. Il esquiva habilement le premier crochet du droit de son adversaire et enchaîna par un uppercut. Ce ne fut pas suffisamment pour mettre sa cible KO cependant, ce qu’il comprit bien quand il encaissa un puissant coup de pied de sa part. Son ventre lui faisait un mal de chien, mais il n’était pas prêt à se laisser abattre alors que son ennemi chancelait tout autant que lui. Comprenant bien que le mercenaire était plus doué pour le combat que lui, il décida de tenter le tout pour le tout en se jetant sur lui comme un geek sur une nouvelle console de jeux. Ils tombèrent tous deux à terre, mais cette fois-ci, l’homme était trop mal en point pour résister aux assauts de Cro. Il frappa une fois, puis une deuxième, une troisième et une quatrième avant de s’arrêter tant parce que sa cible ne bougeait plus que parce qu’il ne sentait plus son poing.

Il était clairement épuisé par cette prestation et se retrouva sur ses fesses dans une position similaire à la mienne. Une main féminine se présenta devant lui pour l’aider à se relever. Il l’accepta et, une fois debout, réalisa que la femme qu’il pensait avoir sauvé, avait tranquillement étalé les trois autres mercenaires pendant qu’il galérait contre un seul. Elle ne semblait pas fatiguée, elle souriait même gentiment. Encore plus surprenant, elle avait un bandeau sur les yeux qui impliquait sans le moindre doute qu’elle avait mené tout ce combat sans voir. De mon côté, Orsel me présenta sa patte pour m’aider à me relever. Après toute l’action à laquelle je venais d’assister, ma peur avait disparu, remplacée par de l’adrénaline. Si vous avez déjà entendu parler de la catharsis, vous savez que c’est le fait de se soulager de certaines pulsions en allant voir des films, par exemple décharger son adrénaline en allant voir un film d’action. Eh bien, je vous le dis clair et net, c’est encore mieux en vrai. Quand j’ai fini par comprendre que je me trouvais à côté du monstre, j’ai aussi compris que s’il ne m’avait toujours rien fait, j’étais probablement tranquille. Cro et la jeune femme nous rejoignirent rapidement pendant qu’Orsel retirait la flèche qu’elle avait reçue. L’archère était en réalité une elfe qui répondait au nom de Leonae. Elle était venue avec une question : « Savez-vous où je peux trouver le dénommé Jack ?

  • Vous êtes au bon endroit, mais vous risquez d’être déçue. »

Zapar autorisa l’elfe à entrer dans sa maison pour voir le guerrier qui s’était présenté à moi sous le nom de Jack. Le prêtre lui expliqua qu’il ne comprenait pas réellement son état dans la mesure où il n’était pas blessé. Elle lui expliqua en retour que son pouvoir inné l’empêchait de mourir mais ne faisait rien pour empêcher la douleur. « Si ce que vous me dites est correct, l’attaque de ce démon aurait dû le réduire en cendre. Son corps doit avoir beaucoup de mal à comprendre un tel niveau de douleur. Mais il est fort, et le connaissant, je doute que ce soit la première fois qu’il se retrouve dans un tel état.

  • C’est un puissant pouvoir qu’il a là. Nombreux sont ceux qui donneraient n’importe quoi pour être insensibles à la mort.

  • C’est une malédiction. Je pensais comme vous la première fois qu’il m’en a parlé, mais ensuite il m’a expliqué la chance que nous avons de pouvoir mourir. Imaginez-vous commettre les pires erreurs possibles et ne pas pouvoir échapper aux conséquences dans la mort. Imaginez devoir faire face aux poids de votre passé pour les éternités à venir, sans jamais pouvoir s’en libérer.

  • Au contraire, le fait de ne pas pouvoir mourir lui donne le temps de se racheter de ses erreurs. Quelque chose que nombreux n’ont pas le temps de faire.

  • Il y a certaines erreurs qu’on ne peut pas rattraper. Peu importe la volonté avec laquelle on essaie »

La nuit tomba enfin et il fut plus que temps d’aller se coucher. En particulier pour moi, parce que même si je parais fort par moments, je reste un enfant qui a besoin de dormir un certain temps pour reprendre des forces. Comme je le pensais, Zapar refusa d’ouvrir de nouveau sa porte. Et comme j’avais toujours un peu peur de lui, je n’ai pas insisté. La ville d’à côté avait été détruite un petit peu plus tôt dans la journée, ce qui ne laissait guère d’autre choix que de dormir à la belle étoile. Cro alluma un feu avec un seul bout de bois. Je n’ai pas la moindre idée de comment il a fait ça, mais ce n’était pas forcément une bonne idée vu la taille de la brindille qu’il a utilisée. La flamme s’est éteinte en moins d’une minute et il a dû aller chercher plus de bois pour faire un vrai bûcher qui durerait toute la nuit. Je lui ai quand même fait remarquer que sa technique était impressionnante, parce que c’était vrai. Leonae choisit de se joindre à nous et pendant que je somnolais, elle raconta à Orsel et Cro comment elle avait rencontré Jack puisque le chasseur lui avait demandé.

Elle raconta d’abord comment il lui avait sauvé la vie sur le champ de bataille. J’ai dormi pendant la majorité du récit, mais je me suis réveillé au meilleur moment, je pense. Elle parlait d’une leçon que lui avait inculqué Jack un jour où elle avait assistée à la mort d’un enfant sans rien pouvoir faire. Elle ne l’avait pas vu à proprement parler, mais elle l’avait senti et d’une manière ou d’une autre, ça rendait l’expérience encore plus traumatisante. Ce soir-là, elle s’assit contre un mur dans une chambre d’auberge. Aucune lumière n’était allumée, la nuit sans lune ne faisait rien pour chasser les ténèbres, mais bien sûr pour elle c’était comme d’habitude. Jack entra dans la pièce, silencieusement. Malgré la pénombre, il avança sans hésitation vers la jeune elfe et s’assit directement à côté d’elle. Il ne dit absolument rien, attendant qu’elle soit prête à parler. Quelques minutes passèrent, et enfin elle brisa le silence : « J’aurais pu le sauver si je l’avais repéré plus tôt. Si j’avais encore mes yeux, il serait toujours en vie. Pourquoi est-ce que je m’acharne à vivre si je suis incapable de sauver un enfant innocent ?! » Elle n’obtint aucune réponse. Pas tout de suite du moins, mais Jack la prit dans ses bras pour la réconforter. Quelque chose que personne n’avait jamais fait auparavant. Elle commença à pleurer sous les bandages qui couvraient ses yeux.

« J’ignore tout ce que tu as vécu pour considérer la mort de cet enfant comme ta responsabilité. Mais je sais qu’il serait inutile de te dire que tu ne pouvais rien faire, parce que, pour moi, cela n’a jamais permis d’apaiser ma conscience. » Les larmes de Leonae s’arrêtèrent de couler, son cœur se mit à battre moins vite, tout ça pour écouter plus attentivement ce que disait Jack « Tu es jeune, et malheureusement, tu feras face à de nombreuses autres situations injustes. Et j’ai bien peur, Leonae, que quand ces situations se présenteront devant toi, tu sois de nouveau impuissante. Parce que ton impuissance trouve sa source au plus profond de ton être. Tu es brisée, ma jeune et talentueuse archère. Et vois-tu, j’ai appris à mes dépends que tu ne peux pas sauver le monde si tu ne te sauves pas d’abord toi-même. Tu ne peux rendre le monde meilleur que tu ne l’es toi-même, peu importe à quel point tu essaie. » Après avoir fini son discours, il se leva silencieusement pour quitter la pièce.

Il me semble que l’histoire se terminait ici, mais je ne peux pas en être réellement sûr parce que je me suis endormi. Et j’ai rêvé. Un rêve très étrange, proche du cauchemar, sauf que dedans je n’ai pas peur. Je suis en train de marcher, soulevant de la terre à chacun de mes pas, j’avance dans ce qui ressemble d’abord à un désert. Jusqu’à ce que je marche sur une épée rouillée. C’est à ce moment que je comprends que je suis sur un champ de bataille. Je lève la tête, regarde au loin et l’évidence me frappe. Je ne suis pas sur n’importe quel champ de bataille, je suis sur Le champ de bataille. Celui qui s’étend à perte de vue dans toutes les directions. Je baisse les yeux sur l’épée, et remarque que quelqu’un la tient. Ses yeux vides m’observent, il est mort et c’est ma faute. J’entends un battement d’aile et un ange tombe du ciel, bientôt suivi par un autre et un autre. Dans toutes les directions, des créatures tombent du ciel, atterrissant lourdement sur le sol. Chacune mourant, les unes après les autres, et je sais au plus profond de moi-même que c’est ma faute. Je ferme les yeux, et quand je les rouvre je vois une petite fille à un mètre de moi. Son physique donne l’impression qu’elle a mon âge, mais son regard la rend plus mature, comme si elle avait vu des choses qu’aucun enfant ne devrait voir. C’est à ce moment que je me suis réveillé, probablement parce qu’Orsel a atterri lourdement à côté de moi.

Elle s’est levée rapidement pour se jeter sur un démon qui semblait nous attaquer. Leonae était également debout, son arc et ses flèches à la main, pourtant elle ne tirait pas. J’ai d’abord cru que c’était par crainte de toucher Orsel, mais même quand celle-ci était hors du chemin, l’archère hésitait. « Pourquoi est-ce que tu tires pas ? » demandais-je à l’elfe tout en me dirigeant vers Cro pour le réveiller. Sa réponse me surprit au plus haut point, dans la mesure où le sujet de sa phrase était un démon :« Elle a besoin de notre aide. » De mon expérience, certes relativement courte, les démons sont là pour nous tuer ou nous posséder. Et encore, celui à l’intérieur de mon corps est bien le seul que j’ai eu l’occasion de rencontrer sans qu’il essaie directement de me tuer. Le chasseur se réveilla enfin de son sommeil profond, constatant le conflit en cours, il resta figé sans rien faire. Lui aussi hésitait parce que le démon en question lui rappelait quelque chose. Pendant ce temps, Orsel se battait férocement, mais ne subissait aucun coup mortel. En fait, son adversaire ne faisait que se défendre. Soudain, un éclair s’abattit entre eux deux, suivi par une voix qui semblait résonner à l’intérieur même de mes os « Il suffit ! »

Zapar venait de sortit de sa maison, il avait mis un terme au combat parce qu’il avait reconnu Zelbe. On pouvait distinguer une lueur de peur dans son regard, parce que si la démone était là, c’était qu’il était arrivé quelque chose à Malie. Sans expliquer son raisonnement, il se précipita vers Zelbe sans montrer aucune crainte qu’elle puisse l’attaquer « Pourquoi n’es-tu pas avec Malie ? Qu’est-ce qui lui est arrivé ?

  • Elle a disparu, enlevée par un chevalier vêtu entièrement de blanc. Il s’est présenté comme étant le fils d’Orion avant de m’enfoncer une épée dans le torse.

  • Comment as-tu fait pour survivre à une telle attaque ?

  • J’ai eu de la chance, il n’a touché aucun de mes points vitaux mais il m’a fallu presque dix lunes pour me remettre. Notre adversaire à une trop longue avance pour que je puisse espérer le retrouver sans votre aide. Il va falloir que vous fassiez honneur à votre promesse Zapar. »

Le prêtre semblait figé, il avait arrêté de bouger quand le nom d’Orion avait été mentionné. Je n’avais personnellement aucune idée de ce dont il parlait. Le temps qu’il mît à remettre ses idées en place fut largement suffisant pour que l’on commence à voir émerger les blessés de la maison magique. Zapar fini par exploser, questionnant Zelbe trop rapidement pour qu’elle puisse répondre : « Es-tu sûr qu’il a dit : Orion ? Quel insigne le chevalier dont tu parles ? Combien d’hommes avait-il avec lui ? Quel âge avait-il ? Par où sont-ils partis ?

  • Reprends tes esprits, vieil homme. Si tu veux que je réponde à tes questions, tu dois m’en laisser le temps.

  • Tu ne comprends donc pas, ça ne peut pas être le fils d’Orion. Orion est mort, je l’ai tué moi-même avant de mourir à mon tour. S’il est de retour, la Prophétie est en danger et c’est mon devoir de l’arrêter une nouvelle fois.

  • Ne peut-il pas avoir un fils ? Demandais-je, curieux.

  • Impossible, je le saurais. J’étais l’un de ses plus proches prêtres à l’époque. »

Jack et les deux autres blessés arrivèrent à cet instant. Apparemment, Zapar avait parlé suffisamment fort pour qu’ils puissent l’entendre en chemin. Le baroudeur intervint dans la conversation au premier silence : « Orion ? J’ai déjà entendu ce nom. C’était un dieu qui a essayé de mettre un terme à la guerre. Il fut arrêté par les grandes statues. Il me semble qu’il est ensuite mort pour de bon. Il m'apparaissait clair que l'histoire que je vous ais raconté sur Zapar n'était en réalité pas terminée.


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