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Chapitre 9 : Celui qui a peur

  • Photo du rédacteur: lorkhanponey
    lorkhanponey
  • 8 juil. 2017
  • 14 min de lecture

« Dis-moi où on va.

  • Non, contente-toi de me faire confiance. Et fais attention où tu marches. »

Il nous reste encore un plan à découvrir avant le Plan Neutre. Si vous avez fait les comptes, vous savez qu’il s’agit de celui de la Nature. Et l’histoire qui l’accompagne vous semblera peut-être sans importance par rapport à ce que je vous ai déjà raconté. Ce qu’il va se passer, est pratiquement insignifiant par rapport à la destruction de planètes de l’histoire de Le ou d’Orsel. Le héros que je vais vous décrire n’a pas souffert autant que Hobna Foot ou Dragonlips. Il n’est pas mort comme Sam’ell ou Zapar. Et jamais il n’a dû se retrouver aussi seul que Zelbe ou Leonae. Pourtant, son récit est d’une importance capitale pour la suite. « Attends-moi, tu vas trop vite. » Mais avant de commencer à conter cette histoire, il faut que je vous explique deux ou trois trucs. « Dépêche-toi un peu, on va arriver trop tard. »

Le Plan de la Nature n’est pas l’un des plus impliqués dans la Guerre. Principalement parce que ses habitants sont plus intéressés par l’idée de communier avec leur environnement. Si besoin est, ils n’hésitent pas à participer aux combats pour s’assurer que la prophétie ne se réalisera pas. Mais sinon, ils restent tranquillement dans leur coin. En principe, ça veut dire qu’ils contreviennent à la règle n° 1 des justes, mais curieusement les juges ont décidé de ne pas en tenir rigueur à ceux qu’ils appellent les Verts. De toute façon, si on veut se battre avec un membre du Clan de la Nature, il suffit de marcher sur une plante. C’est la seule cause qu’ils acceptent de défendre, la préservation de la végétation. Ils ressemblent un peu aux écolos de votre univers, choisissant de tout faire pour protéger les différentes planètes de leur Plan. En revanche, ils n’ont rien à voir avec nos végétariens. Au contraire, ils ne mangent que de la viande. Jamais rien qui provienne de la terre. Cela peut vous paraître étrange, mais le règne animalier ne rentre pas dans leur conception de la Nature. C’est d’ailleurs grâce à ça que ce plan a produit parmi les plus grands chasseurs des Plans de la Guerre. Je crois même qu’ils sont tous originaires de ce plan. En tout cas c’est certainement le cas de Chelcar, celui qui a traqué, tué et mangé le puissant dragon Elvava. C’est une histoire assez intéressante, peut-être que je devrais la raconter. « C’est encore loin ? ». Elle vous permettra de comprendre encore mieux ce qui va se passer juste après, mieux vaut que je vous en fasse part.

C’était il y a de nombreuses années, à l’époque ou le Plan de la Vie existait toujours. Sur le Monde de la Nature nommé Thralor vivait, entre autres êtres, un jeune homme obsédé par la chasse. Dès qu’il le pouvait, après avoir fini ses tâches ménagères par exemple, il s’éclipsait pour aller à la taverne de son village. Il n’y allait pas pour boire, de toute façon l’établissement ne servait que de l’eau avec différents types de larmes mais le fait de ne rien utiliser de végétal réduisait considérablement le choix. Non, si lui venait, c’était pour écouter les histoires des chasseurs. Ils aimaient conter les récits de leurs aventures, les longues journées passées à courir à la poursuite d’un gibier. Les habiles pièges qu’ils avaient tendus, les embuscades qu’ils avaient menées à bien et parfois les combats au cours desquels ils avaient reçu telles ou telles blessures. Un jour, un groupe de chasseurs parti avec un effectif de 23 combattants revint fort d’un seul homme. Tout le monde se tut pour écouter son récit, ce fut à cet instant que Chelcar entendit pour la première fois le nom de la bête qu’il allait passer une bonne partie de sa vie à chasser. Elvava, le plus grand et le plus puissant de tous les dragons. Et surtout, celui qui gardait le plus grand trésor de tous les temps. Le chasseur qui racontait son histoire ignorait l’étendue des fortunes, car son équipe n’avait même pas réussi à faire 20 mètres dans la grotte où résidait la bête. Les 10 premiers, qui s’étaient le plus avancés, finirent en cendres avant même d’avoir senti l’odeur du soufre. Le reste mena un combat valeureux, profitant de l’inspiration. Terme utilisé par les chasseurs pour parler du laps de temps qui s’écoule avant qu’un dragon qui vient de cracher du feu puisse de nouveau en produire. Ils combattirent bravement, mais trop tôt l’arme la plus puissante de la bête fut rechargée, et dans un souffle il mit un terme aux ambitions de ses assaillants. Le chasseur, ayant fini son récit, refusa d’expliquer comment lui avait survécu. Nombreux supposèrent que c’est parce qu’il avait fui. Mais Chelcar s’en fichait, tout ce qu’il voulait savoir, c’était où se trouvait la grotte. « Tu parles trop, profites du paysage. Au retour il fera nuit, tu ne pourras plus rien voir. »

N'importe quel bon chasseur vous le dira, la première étape de la chasse c’est de trouver une arme capable de tuer sa cible. Ce n’est généralement pas un problème pour les tigres, lions ou autres animaux sauvages. Mais dès lors qu’on commence à chasser des créatures mythiques, et plus encore si c’est un dragon, il devient compliqué de trouver un outil adapté. Chelcar le savait, et c’est pourquoi avant de tenter quoique ce soit en direction de la grotte où résidait la bête, il décida d’aller chercher le seul être capable de tout tuer. À ce jour, j’ignore encore comment il avait entendu parler de Necro. Ma meilleure théorie, c’est que son pouvoir dont la nature exacte ne figure pas dans les livres, lui permettait de connaître des informations utiles. Un genre de pouvoir informateur si ça a un sens quelconque. Dans tous les cas, il parvint à rencontrer le puissant magicien dont je vous ai déjà parlé plusieurs fois. Les détails de leur rencontre seraient une histoire intéressante, mais ici n’est pas le lieu pour la raconter. Sachez simplement que le grand chasseur rentra chez lui avec une flèche très particulière, capable de tuer n’importe qui et n’importe quoi. Une fois cette arme en sa possession, il n’avait qu’à la planter dans la peau écailleuse de la bête pour réussir sa mission. Lorsqu’il posa pour la première fois les yeux sur la caverne, il était âgé de dix-sept ans. « Là, tu le vois ?

  • Non, où ça ?

  • Juste ici, derrière les arbres.

  • Woaw, c’est quoi ça ? »

Il est temps pour moi d’interrompre le récit de Chelcar pour enfin vous expliquer qui parle depuis tout à l’heure.

Le héros de l’histoire d’aujourd’hui se nomme Cro, et quand j’ai commencé à vous parler, il partait de son village natal avec son petit frère, en direction des ruines d’un ancien temple se trouvant au fond de la forêt. Et ils viennent tout juste de le trouver. Pour être encore plus précis, ce qu’ils ont trouvé derrière les arbres « c’est la statue du grand Chelcar.

  • Qui ?

  • Ne me dis pas que tu ignores qui est Chelcar, le grand chasseur ! Celui qui a traqué et tué le terrible Elvava !

  • Il ressemble à rien ce nom, c’était quoi comme créature ?

  • Un dragon, mais pas n’importe lequel. C’était le plus grand des dragons ! »

Continuant leur conversation, nos deux aventuriers avancèrent dans les ruines. Depuis son érection, le temple avait été détruit, reconstruit, démoli de nouveau, rénové une dernière fois puis abandonné à jamais. Maintenant, seuls les enfants tels que Cro (âgé de treize ans) ou son petit frère (âgé de huit ans) s’y rendaient encore. « Comment tu connais cet endroit ?

  • C’est maman qui me l’a montré quand j’avais ton âge. Elle a dit que c’était un lieu très important à une époque, et que notre village entier descend des gardiens de ses ruines.

  • Qu’est-ce qu’ils gardaient ?

  • Je n’en sais rien, le temple de manière générale. La statue et tout le reste.

  • Il y a peut-être un trésor ! viens, on va tout fouiller. »

Une fois de plus, le destin voulut que cette idée ne soit pas anodine. Car il y avait bel et bien quelque chose dans ses ruines, quelque chose que les anciens gardiens de la cité devaient protéger mais qui avait été oublié avec le temps. Car il se trouve que le temple avait été construit à l’endroit où se trouvait la grotte cachée du dragon Elvava. « Où tu vas ? attends-moi !

  • Dépêche-toi, y a un truc qui fait du bruit par là. »

Cro rattrapa bien vite son frère qui commençait à descendre un escalier s’enfonçant dans les profondeurs du temple. Le bruit qui les attirait toujours plus en avant provenait d’une salle dont l’accès était bloqué par un éboulement. « Grand frère, tu penses que je peux passer avec mon pouvoir ? » Le sort dont il était question lui permettait de transformer son corps en une sorte de brume qui lui permettait de se glisser à travers le plus petit des trous. « Non, c’est trop dangereux. » Cro entreprit de chercher une autre entrée, mais lorsqu’il se retourna vers son cadet, celui-ci avait disparu. Ne sachant que trop bien que son petit frère venait d’ignorer son interdiction, il se mit à chercher avec d’autant plus de ferveur une autre entrée. Il finit par en trouver une, un peu plus loin, sous la forme d’un mur endommagé. Il parvint à décaler quelques pierres pour agrandir l’espace disponible et se glisser dans la fente du mur. De là, il atterrit dans une grande pièce, dont il localisa immédiatement la sortie. Une lourde porte de pierre qu’il parvint à entrouvrir, mais pas assez pour passer. Il entendit le cri de Fro, son petit frère, mais fut incapable de voir où il se trouvait. Il fit de son mieux pour enfoncer la porte, mais ne parvint qu’à se déboîter l’épaule. Heureusement, comme tout bon apprenti chasseur, il savait comment la remettre en place. Mais ça faisait quand même sacrément mal. « Je suis bloqué !

  • Moi aussi.

  • Ah… On fait quoi, du coup ?

  • Attends, je vais trouver un truc. Reste où tu es. Oh, et pourquoi t’as hurlé tout à l’heure ?

  • J’ai vu un rat. »

Ce n’était pas un rat. Il en avait certes pris l’apparence, mais en réalité c’était un druide (un magicien spécialisé dans la maîtrise de l’énergie de la nature et en l’occurrence de sa transformation) chargée de garder les ruines du temple. Tout le monde ignorait son existence, et il venait d’échouer dans sa tâche. Sachant ce qui risquait de se passer, parce qu’il n’avait pas su empêcher 2 enfants d’entrer (il dormait lorsqu’ils étaient arrivés), il choisit de s’enfuir. Alors que Cro cherchait un objet qui l’aiderait à ouvrir la porte, ou un autre chemin par lequel il pourrait rejoindre son frère, le temple entier se mit à trembler alors qu’un terrible rugissement se fît entendre. Notre jeune héros envisagea de faire demi-tour en passant par la même fente qu’à l’aller, mais son épaule encore douloureuse l’en dissuada. De toute façon, il ne pouvait pas abandonner son frère. En observant un petit peu plus la pièce, il vit un lit mais c’était tout. Les quelques autres meubles étaient soit détruits, soit trop abîmés pour servir à quoique ce soit. Mais le lit, lui, était intact. Comme s’il avait été construit pour être plus solide que le reste. Comme s’il cachait quelque chose. Le jeune chasseur ne perdit pas un instant : passant sous le lit, il découvrit une trappe, comme il s’en doutait. Il eut vite fait de l’ouvrir pour descendre à l’intérieur du trou. Une échelle avait dû se trouver ici, mais elle était pourrie depuis longtemps. N’ayant guère d’autres options, il se laissa tomber jusqu’en bas. C’est comme ça qu’il se tordit la cheville droite. Heureusement, la chute n’était pas d’une hauteur assez haute pour causer la rupture d’un os, mais le choc lui fit néanmoins échapper un cri. « Qu’est-ce qu’il se passe !

  • Je suis tombé. Mais ça va, reste où t’es j’arrive ! »

Cro observa autour de lui, il se trouvait dans une petite pièce dont les quatre portes arboraient un symbole différent. Dans l’ordre, il y avait un symbole de feu, un de goutte d’eau, un de pierre et le dernier était le symbole du vent. En même temps qu’il analysait les dessins, le jeune chasseur se demanda d’où provenait la lumière. Il n’y avait aucune source, pourtant elle était bien là puisqu’il voyait. Décidant que la tâche de retrouver son frère était plus importante, il ouvrit une porte au hasard. Il entendit un grand clac et se décala sur le côté avant qu’un jet de flammes ne menace de le rôtir. Vraisemblablement, le mécanisme devait être rouillé. Sinon il n’aurait pas eu le temps de s’écarter. Une rapide déduction l’amena aux conclusions suivantes : si la porte arborant le symbole du feu était piégée de cette manière, il était fort possible que le symbole de la terre promette un éboulement et celui de l’eau une noyade. Suivant ces réflexions, le symbole de l’air était le moins dangereux. De fait, c’est par cette porte que Cro sortit de la pièce et il n’eut à souffrir que d’un courant d’air froid. Le chemin qui s’ouvrait devant lui s’enfonçait dans les profondeurs. Il avait le sentiment de s’éloigner de Fro, mais il n’avait guère d’autre choix que d’avancer.

Sa cheville lui faisait mal, de même que son épaule. Mais notre héros n’avait pas prévu de s’arrêter. Il allait continuer, peu importe la douleur. De toute façon, ce n’était rien à côté de ce que son père lui ferait s’il revenait sans son frère. Sur le chemin, il passa devant nombre de pièges sans même s’en rendre compte. Les vieux mécanismes trop rouillés pour se déclencher. S’il était passé par ce même endroit un millénaire auparavant, il serait déjà mort. Mais maintenant, ce n’était qu’un passage comme les autres. Sauf qu’au bout dormait un dragon. Et pas n’importe lequel, c’était le grand Elvava, reposant avec son trésor depuis tellement longtemps que tout le monde le croyait mort. Mais lorsque Cro arriva, trébuchant à cause de sa cheville foulée, la bête se réveilla. Devant les yeux ébahis du jeune chasseur, le dragon déploya ses ailes toujours aussi majestueuses. Du moins jusqu’à ce qu’il heurte une des parois. Voyant qu’il n’avait pas autant de place qu’il le pensait, il décida de se calmer un peu et observa plutôt l’intrus se trouvant devant lui. « Qui ose pénétrer dans mon antre ?

  • Bonjour, mon nom est Cro et je cherche mon frère. Est-ce que vous l’avez vu ?

  • Est-ce que j’ai vu ton frère ? Tu n’as donc pas peur de moi ?

  • Si, bien sûr. Votre souffle pourrait me rôtir sur place.

  • Alors pourquoi ne t’enfuis-tu pas ?

  • Parce que je me suis foulé la cheville. De toute façon, je ne saurais pas où m’enfuir. Sans parler du fait que je dois bel et bien retrouver mon frère, sinon mon père me fera quelque chose de bien pire que tout ce que vous pouvez me faire.

  • Allons ensemble demander à mon vieil ami Chelcar.

  • Le grand chasseur ? Il n’est pas mort ?

  • Mort ? Pourquoi donc serait-il mort ? Et comment d’abord, et par qui ?

  • Je l’ignore, mais on se trouve sous le temple dédié en son honneur. En général, ça veut dire que la personne est morte quand elle a un temple dédié en son honneur. »

Le dragon parut fort contrarié d’apprendre cette nouvelle, mais Cro fut plus intéressé par la flèche qui se trouvait plantée dans la chair du dragon, juste au-dessus de sa patte droite à un endroit où une écaille manquait.

Il avait fallu de nombreux jours de préparation et d’entraînement à Chelcar, mais avant l’anniversaire de ses 20 ans. Il avait pris la décision de partir à la chasse au dragon Elvava. Il courut dans la grotte, comptant sur l’effet de surprise pour tirer sa flèche avant que le dragon ne puisse souffler. Ce fut un échec cuisant, car le chasseur aperçut les flammes se diriger dans sa direction avant même d’apercevoir le museau d’où elles sortaient. Heureusement, il fut capable de se protéger à l’aide d’un large rocher qui se trouvait sur le côté. Protection très relative car tout son bras droit qui dépassait subit de graves blessures. Plus important, il était maintenant incapable de se servir de son arc. Il allait devoir planter la flèche à main nu dans la chair de la bête. Mais de là où il se trouvait, c’était complètement impossible. Chelcar le grand décida de faire ce qu’aucun chasseur n’avait fait avant lui, parler avec sa proie. « Est-ce que je peux vous poser une question ? » Le dragon surpris, mit un terme à son souffle. Jamais personne ne lui avait adressé la parole. Du moins pas depuis qu’il s’était installé dans cette grotte pour surveiller son trésor. Le grand traqueur sortit de sa cachette, dévoilant sa flèche comme étant capable de tuer n’importe quoi, il la jeta devant lui, hors de sa portée. « Pourquoi as-tu fait ça humain ?

  • Pour prouver que je ne veux que vous parler. En fait, j’ai un marché à vous proposer qui, je pense, nous arrangera tous les deux. »

Poussé par la curiosité, la bête écouta attentivement ce que lui disait le petit homme. Son plan était simple, il allait repartir de cette grotte et dire à tout le monde qu’il avait tué le dragon et volé son trésor. Ainsi, plus personne ne viendrait jamais le déranger et il pourrait se reposer en paix. « Et lorsqu’on doutera de toi, qu’on voudra savoir comment un aussi petit homme que toi a pu tuer seul le grand dragon Elvava. Que répondras-tu ?

  • Je n’aurai pas à leur répondre quoique ce soit. Il me suffira de leur montrer une de vos écailles. »

Après moult débats, la bête accepta de faire don d’une de ses écailles. Et lorsque le chasseur se trouva suffisamment prêt, il enfonça violemment dans la chair de sa proie la flèche de Necro. Il fit ensuite 2 pas en arrière pour constater que la flèche qui peut tuer n’importe quoi avait échoué dans sa tâche. « Tu sembles déçu que ton bout de métal n’ait pas rempli son objectif. » Chelcar savait que sa fin arrivait, il se contenta de fermer les yeux, attendant le feu démoniaque.

Sais-tu qui est Chelcar ? » Cro répondit au dragon, lui racontant tout ce qu’il savait, ce qui était moins que ce que vous savez. Il lui raconta tout de la légende du plus grand des chasseurs qui avait tué le plus puissant des dragons. Lorsque Elvava lui fit remarquer qu’il était encore vivant, le garçon ne sut quoi répondre. Pourtant, la célèbre flèche plantée dans la légende se trouvait bien au-dessus de la patte, là où elle était censée se trouver. La bête décida de raconter la suite de l’histoire comme suit : « Sa flèche pouvait tuer tout ce qui vit, mais ce n’était pas mon cas. Je ne suis jamais né, j’ai été créé dans le seul but de défendre mon trésor. Je n’avais que deux règles : protéger la chose quel qu’en soit le prix. Et si jamais quelqu’un me bat, lui permettre de prendre ma place. C’est ce que fit le premier Elvava avec le chasseur Chelcar. Et c’est ce que fit Chelcar avec moi par la suite. Mais depuis, plus personne n’est venu dans cette grotte. Tu es le premier que je vois depuis plusieurs millénaires. » D’après ses explications, le dragon qui se trouvait actuellement devant notre héros avait été un gardien du temple un peu trop curieux. Le grand chasseur avait alors décidé de lui proposer de prendre le rôle de gardien de l’artefact jusqu’à ce que son successeur vienne. « Mais je n’ai pas envie de devenir gardien de quoi que ce soit.

  • Ce n’est pas ainsi que ça se passe. Je vais disparaître dans tous les cas, je sens ma fin venir. Apparemment, tu m’as battu. Avant de m’en aller, je vais te dévoiler la nature de l’objet. Et ce sera à toi de décider si tu acceptes de le garder ou non. Si tu refuses, tu n’auras qu’à partir et l’artefact appartiendra au premier qui le trouvera.

  • Non, non, non et non. Je refuse d’entendre parler de quoi que ce soit, je vais retrouver mon frère. »

Sur ces mots, Cro s’enfuit en courant, ignorant à la fois la douleur dans sa cheville et les cris du dragon derrière lui, le suppliant de l’écouter, jusqu’à ce que sa voix ne soit plus qu’un écho distant dans la grotte.

Le jeune chasseur parvint à remonter, trouvant l’entrée originale de la grotte. Là, il finit enfin par trouver son petit frère coincé sous une gigantesque poutre. « Qu’est-ce que tu fais là ?

  • Je suis coincé. J’ai plus d’énergie pour utiliser mon pouvoir. »

Cro parvint heureusement à soulever le morceau de bois avec un seul bras, en tout cas suffisamment pour que Fro puisse se glisser sur un côté. Ils se hâtèrent ensuite pour quitter le temple, notre jeune héros pressé d’obtenir du repos pour soigner ses blessures, tout autant que d’oublier ce qui s’était passé au fond de la caverne. De retour au village, il ne fit part à personne de ce qui s’était passé avec le dragon. Les années s’écoulèrent, sans que rien ne se passe. Cro choisit de ne jamais retourner dans les ruines, de ne jamais en parler à qui que ce soit, de ne jamais même y penser. Il espérait que peut-être avec le temps, il allait oublier. Mais le destin en voulait autrement, le jeune chasseur ne pouvait pas oublier. L’objet devait être gardé, car s’il tombait dans de mauvaises mains, la prophétie serait vouée à se réaliser. Je vous ai dit que de manière générale, le destin ne cherche pas à s’accomplir. Si on se trompe de chemin, tant pis. Cette procédure est le cas général, mais pour des individus comme Cro, pour ceux dont le destin est lié si étroitement à la survie de tant d’êtres vivants. Pour ceux-là uniquement, le destin ne lâchera jamais l’affaire. Faisant tout ce qui est en son pouvoir pour que les évènements prennent leur cours de la meilleure manière possible. Pour cette raison, notre jeune héros ressentait constamment une pression, l’attirant vers les ruines. Mais, trop effrayé par ce qu’il risquait de trouver, il décida de s’éloigner au maximum, s’engageant dans la Grande Guerre. Le destin en fut fort contrarié, jusqu’à ce qu’il décide de jouer un tour au chasseur, le plaçant sur un nouveau chemin qui le mènerait inévitablement à moi.


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