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Chapitre huit : Celui qui croit

  • Photo du rédacteur: lorkhanponey
    lorkhanponey
  • 1 juil. 2017
  • 11 min de lecture

Parmi les Plans dont je vous ai déjà parlé, c’est celui de la Connaissance qui se rapproche le plus de celui des Anciens dont je m’apprête à vous parler. Les deux sont particulièrement versées dans les arcanes magiques, bien que leurs visions soient très différentes. Tandis que les premiers cherchent à déchiffrer les secrets de l’univers, les seconds s’attachent aux traditions autant, sinon plus, que les Justes. Contrairement à ce que leur nom peut laisser à penser, ils ne sont pas tous vieux. Cette qualification revient au Conseil des Dix qui trône au sommet de la Hiérarchie des Anciens. Je ne connais d’eux que ce que la légende raconte, alors permettez-moi de la partager avec vous.

Au début, il y avait la guerre, celle qui ne finit pas, celle qui ne doit pas finir. Et, dans cette lutte sans fin, émergea un groupe de redoutable guerriers, maniant avec puissance tant les armes que la magie. Ils étaient si puissants, qu’ils auraient pu gagner la guerre. Mais selon la grande prophétie, quiconque gagnait la guerre causerait la fin de toute vie. L’armée des grands se divisa entre ceux qui craignaient de voir la prophétie se réaliser, et ceux qui refusaient de voir cette guerre inutile continuer. Un conflit éclata entre les deux parties, le plus grand conflit de l’Histoire. Les plus puissants combattants de leur temps s’entretuèrent jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un petit groupe. Ils étaient des milliers, et ils devinrent des centaines, puis des dizaines jusqu’à ce que ce soit encore moins. Finalement, 10 élus émergèrent et prêtèrent ensemble un serment : celui de ne jamais voir la prophétie se réaliser, de ne jamais permettre l’extinction de toute vie dans l’Univers.

Ce que la légende ne dit pas, c’est comment les membres du Conseil des Dix ont pu survivre jusque-là. Selon la légende, le grand conflit a eu lieu il y a des milliers d’années. Même un elfe, dont la durée de vie peut atteindre le millénaire, serait mort, et pourtant ils ont une longévité particulièrement importante. Seuls les démons peuvent survivre aussi longtemps, mais les Anciens ne sont pas des démons. Bien sûr, de nombreuses histoires ont été inventées pour expliquer ce phénomène. Mais aucune ne semble plausible. Et personne n’a jamais osé demander aux intéressés ce qu’il en était, de peur de subir leur courroux. D’après ce qu’on m’a dit, il existe peu d’êtres dans ce monde plus puissants que les Dix Anciens. C’est d’ailleurs une bonne chose qu’ils ne prennent pas directement part à la guerre, car ils feraient sûrement un massacre. Leur armée, car ils en ont une, a pour objectif principal de s’assurer que la guerre continue sans jamais s’arrêter. Ils accomplissent cette tâche de deux manières différentes : d’une part en permettant à tous les Plans d’accéder au grand champ de bataille. En effet, ce sont eux qui ont créé les Grands Portails et qui s’assurent qu’aucun ne soit fermé. D’autre part, en mettant fin aux ambitions de quelque groupe que ce soit qui deviendrait trop puissant. Si Necro venait à revenir, leur mission deviendrait probablement exclusivement de l’arrêter. Je ne peux pas encore vous expliquer qui est Necro. Mais rassurez-vous, son histoire viendra quand le moment sera opportun.

C’est dans le Plan des Anciens qu’est né Zapar. C’était un petit garçon tout à fait ordinaire, jusqu’à ce qu’il rencontre un dieu. Petite précision, les dieux de cet univers ne sont pas comme les nôtres, ou le nôtre, selon vos croyances. Ici, sont considérés comme des seigneurs divins, des guerriers d’une extraordinaire puissance et étant bénis par les souvenirs d’anciennes vies. Ils sont plusieurs personnes à la fois, et lorsqu’ils meurent, ils réapparaissent dans un autre corps. Les églises ne sont guère que des armées prenant une déité en particulier comme chef et le suivant au combat. Notre héros du jour n’avait que huit ans lorsqu’il fit la connaissance de Rorion, un dieu ayant (déjà ?) vécu 364 vies. La première chose que l’enfant remarqua, ce fut le charisme du surhomme en face de lui. Dès qu’il prononçait un mot, tout le monde l’écoutait. Personne n’aurait osé lui manquer de respect, et Zapar en était sûr, même sur le champ de bataille, ses ennemis devaient le craindre et en même temps le respecter. Son église comptait déjà des milliers de membres de tous les plans, et ils étaient venus dans la ville de notre héros pour en recruter encore d’autres. Le jeune enfant supplia le responsable du recrutement d’accepter sa candidature. Mais il était trop jeune pour participer à la guerre. Son insistance fut remarquée par Rorion lui-même qui s’agenouilla devant le garçon, posant une main sur son épaule. « Fils, commença-t-il, je ne peux t’emmener avec moi en ce jour. Mais je te promets de revenir pour ton 20ème anniversaire, et si tu es suffisamment fort, tu rejoindras ma garde personnelle. » Les mots résonnèrent dans le cœur de Zapar, comme une promesse qu’il n’oublierait jamais. Rejoindre la garde personnelle de Rorion était un immense honneur : cela signifiait devenir un prêtre de son ordre.

Dans cet univers, un prêtre est un combattant, ou parfois un magicien, qui a la capacité de puiser directement dans l’énergie de son dieu pour lancer des sorts particuliers. Ainsi, tant qu’il suit la voie de sa religion, un prêtre devient un guerrier capable autant de faire appel à ses capacités physiques qu’aux pouvoirs magiques de son Seigneur. En contrepartie, il jure fidélité à celui qui lui donne sa force et il doit suivre un code précis. Toute transgression entraine au mieux le bannissement de l’ordre, au pire la mort. Zapar s’entraina dur, chaque jour pendant douze ans. Il ne se reposait que quatre heures par nuit et vouait tout le reste de son temps à améliorer les capacités physiques et mentales de son corps. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne se ménageait pas. Ses parents ne comptaient plus les bleus, les blessures diverses qu’il reçut lors de ses joutes avec des combattants bien plus grands et plus forts que lui. Pour le meilleur et pour le pire, il parvint à s’endurcir suffisamment pour que Rorion honore sa promesse. Ainsi, le jour de son vingtième anniversaire, notre héros fit son entrée dans l’armée d’un dieu.

Il devint très vite un puissant combattant, la force de sa religion lui permettant de faire appel à des sorts extrêmement puissants. Grâce à son intelligence et à son habilité, il parvenait à les utiliser de la meilleure manière possible lors de confrontations. Il faisait parfois preuve d’un manque d’honneur au profit d’une meilleure efficacité, n’hésitant pas à attaquer par derrière si ça lui permettait de remporter la victoire au combat. Aux côtés de ses collègues prêtres, il gagnait toutes les batailles, si bien qu’il commençait à devenir inquiet. Ne devenait-ils pas trop fort ? Chaque jour, les rangs de l’église de Rorion grandissaient, sa puissance augmentait au point qu’ils auraient pu détruire un monde avec encore plus de facilité que Le. De toute l’église, Zapar était le seul prêtre à provenir du Plan des Anciens. Il était le seul à avoir dû jurer, encore et encore, de protéger la prophétie pendant toute son enfance. Et, bien qu’il vénérait un dieu maintenant, il ne pouvait oublier ce serment. Un jour, après avoir détruit une armée entière de démons, il décida de demander directement à Rorion. Celui-ci répondit ainsi : « Est-ce vraiment une mauvaise chose ? Cette guerre dure depuis tellement longtemps que personne ne sait comment elle a commencé, pas même les Dix Anciens qui ont vécu plus longtemps que toute mon église combinée. Et pourquoi ? Tu voulais confirmer que stopper la guerre n’était pas mon intention. Détrompe-toi, c’est mon objectif et je compte sur toi pour m’aider à l’accomplir. » Sur ces mots, il laissa son prêtre encore jeune réfléchir à ce qu’il allait faire.

Ce fut particulièrement difficile pour Zapar. D’un côté, il y avait la divinité qu’il vénérait depuis ses huit ans. De l’autre, le serment qu’il avait répété chaque jour depuis qu’il savait parler. Pour lui, la Prophétie n’était pas une croyance mais une vérité. Aussi certain que chaque homme meure un jour, si la guerre s’arrête, toute vie s’arrêtera également. Je dois avouer être surpris par sa décision. Mais je n’ai pas vécu sa vie, alors j’imagine que je ne peux pas réellement comprendre. Dans son esprit, une chose devint claire. Il devait tuer Rorion avant que la prophétie ne s’accomplisse. Et bien que ce serait particulièrement dur, presque impossible même, il était le mieux placé pour le faire. Pour commencer, il devait trouver de l’aide. Au sein de l’église, il connaissait quelques soldats issus du Plan des Anciens et qui seraient susceptibles d’accepter de l’aider. Il se montra aussi discret que possible, recrutant dans les rangs de l’armée. Mais le destin voulut que son dieu apprenne son projet. Tous les soldats qui avaient accepté de suivre Zapar furent exécutés devant l’église, mais Rorion avait un sort tout particulier à réserver à notre héros. « Pour avoir trahi tes croyances, commença-t-il, je ne peux t’accorder la mort car ce serait un sort trop doux. Je pourrais te priver de tes pouvoirs et te bannir, mais te connaissant, tu reviendrais pour accomplir ton objectif. Alors j’ai choisi de te garder auprès de moi, prisonnier dans une pierre que j’emporterai partout. Ainsi, tu pourras voir la guerre s’arrêter et constater de tes propres yeux que la prophétie ne se réalisera pas, et que Necro avait raison. » Aussitôt ces paroles prononcées, notre héros se retrouva enfermé dans un petit cristal qui ne tarda pas à orner le cou de Rorion.

Il resta de nombreuses années dans cet état, ne pouvant qu’observer les exploits de celui qui était son dieu. A mesure que son influence grandissait, le nombre de ses opposants augmentait proportionnellement. Bientôt, d’autres divinités le défièrent sans succès. D’autres encore se joignirent à son combat. Quand le Plan des Anciens commença à le craindre, il avait déjà une armée tellement grande qu’elle aurait pu occuper une planète entière. Un groupe secret se faisant appeler « l’armée secrète de Necro » décida de se joindre à lui, mettant de côté leur projet de ramener leur propre dieu (les explications viendront en temps et en heure). Rorion enferma ses généraux pendant un mois dans une pièce, pour qu’ils établissent une stratégie, un plan de bataille. Zapar assista à tout, ne pouvant absolument rien faire sinon écouter. Leur tactique semblait impeccable aux yeux du jeune prisonnier. Ils allaient attaquer un par un les portails, en commençant par celui des Anciens, pour couper toute possibilité de faire appel à des renforts. Ils allaient ensuite avancer vers les capitales suivantes, brisant les portails un par un. En empêchant ainsi les trop gros déplacements, ils n’auraient plus qu’à éliminer quiconque s’opposerait à eux sur le Monde de la Guerre jusqu’à ce qu’enfin la fin des conflits arrive. Quand plus personne ne leur fera face, quand ils auront gagné, la guerre éternelle prendra fin.

Je pense que je dois vous parler un petit peu plus du monde central, celui sur lequel se déroulent tous les conflits. Comme je l’ai déjà dit, il se situe au centre de tous les Plans et il se trouve être le champ de bataille de la Prophétie. Autrement dit, il y a perpétuellement au moins une bataille en cours, et plus généralement ce sont des milliers de combats qui se déroulent un peu partout sur la gigantesque planète. Pour gérer tout ça, une organisation a été mise en place, selon la légende, par les Anciens. Pour chaque plan, il existe un gigantesque portail de téléportation, toujours ouvert et menant donc à un monde particulier sur un autre plan. Ces portails permettent de facilement faire passer des soldats dans un sens ou dans l’autre. En outre, il est pratiquement impossible de se téléporter sur le Monde de la Guerre sans passer par un de ses portails. Vu leur importance, il est tout à fait normal que des villes se soient construites autour. Plus précisément des capitales qui font office de terrain neutre. Chaque plan en a une, sauf celui de la Vie qui n’a pas de portails, et à l’intérieur se trouvent des ambassades. Par exemple, si vous allez dans la capitale des Anciens, vous trouverez un bâtiment dédié aux purs, un autre pour les justes, même un pour les démons. Ces offices font en réalité office de bar à public déterminé. Autre détail important sur ces villes, dans chacune se trouve une gigantesque statue, de la taille d’une montagne sinon plus grande. Personne ne sait exactement à quoi elles servent, ni même qui les a érigés. Mais le monde a obtenu une partie de cette réponse lorsque Rorion a lancé son attaque.

Alors qu’ils s’apprêtaient à entrer dans la capitale des Anciens, un poing gigantesque vint fracasser le sol devant eux. Dans les airs, une voix puissante craqua : « Partez ! ». Mais la vanité du dieu était telle qu’il pensait pouvoir surmonter cet obstacle comme tous les autres : « Je suis Rorion, le plus puissant des dieux. Je mettrai fin à cette guerre, car c’est mon destin. Quiconque s’oppose à moi sera détruit. » Il ordonna à ses plus puissants prêtres d’attaquer ensemble la statue, puis les regarda mourir sans réellement comprendre ce qui se passait. Il réagit juste à temps pour esquiver le coup de pied gigantesque qui menaçait de le faucher. Le gardien de la cité était bien plus puissant que prévu, la divinité dû intervenir dans le combat bien plus tôt qu’elle ne l’avait prévu. Rorion concentra ses sorts les plus puissants et ses attaques les plus dévastatrices contre une des jambes de pierre dans l’espoir de la briser et de déstabiliser la créature. Mais ce fut un échec. Puis, le gardien commença à lancer lui aussi des sorts d’une puissance cent fois supérieure à tout ce que le puissant dieu avait vu auparavant. Il fit de son mieux pour se protéger, encaissant malgré lui une trop grosse partie des dégâts. Son armée quant à elle se faisait dévaster. Ses soldats les plus fidèles se retrouvaient désintégrés sans comprendre ce qui leur arrivait. Analysant rapidement la situation, le plus puissant des dieux ordonna une retraite, et pour permettre à ce qu’il restait de ses forces de fuir, il se lança pleinement contre la statue. Courant sur la peau de pierre, il frappa le plus fort possible dans le visage mais ne réussit qu’à briser son arme. Il n’eut d’autre choix que d’encaisser pleinement la contre-attaque avant de fuir à son tour. Le coup manqua de le faire s’évanouir mais lui brisa seulement la moitié des os.

Blessé, déboussolé, son armée défaite, Rorion avait tout perdu et n’avait même pas réussi à passer les portes de son premier objectif. C’était un échec complet, mais au moins il était encore vivant. Il pourrait devenir plus fort pour revenir. C’est à cet instant précis, alors que le dieu défait s’apprêtait à fuir, que le cristal contenant Zapar se brisa. Celui-ci saisit sa chance, sans se demander ce qui venait de se passer, il saisit la première arme qu’il trouva et l’enfonça dans le crâne de son dieu déchu. La mort fut instantanée, une fois que la lame eut traversé la moitié de la tête. La divinité s’effondra sur le sol. Notre héros, satisfait, lâcha son arme abandonnant toute résistance alors que le plus proche prêtre de Rorion l’embrochait de son épée à double tranchant. Très vite, un autre soldat se trouvant non loin vint enfoncer sa propre arme dans le corps du traître. Finalement, le premier ajusta son coup pour décapiter notre ami. Et c’est ainsi que mourut Zapar… En tout cas, c’est comme ça qu’il est mort la première fois. Parce qu’il est revenu. Dans un corps différent, une vie différente mais en gardant tous les souvenirs de la précédente. Si vous avez suivi jusqu’ici, vous avez peut-être compris qu’il était devenu un dieu. Rappelez-vous, dans mon univers, ce sont des individus bénéficiant de plusieurs vies et gardant le souvenir de leurs incarnations passées. Ce qui fut le cas de notre héros, en plus d’une occasion. Quand je l’ai connu, il était arrivé à sept réincarnations. Je ne devrais probablement pas vous dire à combien il en est maintenant.

Le plus étrange étant qu’on n’entendit jamais parler de Rorion de nouveau. Comme si cette fois, il ne s’était pas réincarné. Selon Zapar, c’est le premier dieu à arrêter de revenir. Avant lui, on ignorait qu’il était possible de ne plus être une divinité. Mais apparemment, c’est bien ce qui s’est produit dans ce cas précis. Toujours est-il que nous avons bien progressé. Je n’ai plus que deux personnages à vous présenter. Puis moi, bien entendu. Et cette histoire pourra réellement commencer. Non pas que tout cela était une introduction. Tout ce que je vous ais dit était nécessaire pour comprendre ce qui va se passer ensuite. Pour comprendre les implications, il faut connaître les motivations qui amènent chaque personnage à prendre telle ou telle décision… C’est bizarre de parler de personnages, alors que leur histoire est si réelle. J’ai vu leur souffrance. Je connais les obstacles qu’ils ont dû surmonter. Et je suis fier du rôle que j’ai joué dans chacune de leurs histoires. Et surtout, je suis fier d’être celui qui fut choisi pour tout vous raconter


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