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Chapitre cinq : Celle qui est partie

  • Photo du rédacteur: lorkhanponey
    lorkhanponey
  • 10 juin 2017
  • 8 min de lecture

Avant que je commence à vous raconter l’histoire d’aujourd’hui, il faut que je vous explique un petit peu plus comment fonctionne la magie. Jusque-là, je vous ai parlé de portails permettant de voyager entre les mondes et même entre les plans. Vous avez également entendu parler de dieux et de déesses capables de détruire un monde avec quelques sorts. Pour comprendre tout cela, il faut commencer par le commencement. Dans mon univers, la magie est omniprésente. Elle porte plusieurs noms, tous synonymes : Energie, Puissance, Don, Essence, Source… Il en existe encore d’autres, dans des langues anciennes mais je vais me contenter de ces cinq-là. Retenez-les bien, car je suis susceptible de les utiliser à n’importe quel moment.

La première chose qu’un enfant apprend quand il nait dans les Mondes de la Guerre, c’est que la magie est omniprésente. Le plus beau, c’est que personne n’a besoin de le dire, chacun le sait naturellement. En fait, c’est la première chose qu’ils savent, c’est pourquoi certains parlent de la source. D’autres parlent du don, car chaque individu non magique nait avec un pouvoir particulier, ou plus précisément avec un sort avec lequel il a une affinité. Ceci a deux significations, la première c’est que tout le monde peut utiliser d’une manière ou d’une autre la magie, et la deuxième, c’est que chaque type de don existant est appelé un sort. Il existe certaines personnes capables de lancer différents types de sorts, soit parce qu’ils les ont étudiés soit parce qu’ils ont vu quelqu’un l’utiliser et sont parvenus à recopier l’effet. Ces êtres, ayant une affinité avec l’Energie (car c’est comme ça qu’ils la nomment) se font appeler magiciens. Il existe plusieurs types de magiciens, les plus redoutables étant ceux qui sont capables de recopier un sort juste en le voyant utilisé une fois. Il en existe peu capables de réaliser ce prodige, la plupart ont besoin d’étudier, d’expérimenter et d’échouer de nombreuses fois avant de réussir. La personne dont je veux vous parler aujourd’hui est suffisamment puissante pour apprendre ainsi de nouveaux sorts, et au moment où commence son histoire, elle en connait déjà plusieurs milliers. Son nom est Le.

Le appartient au clan de la connaissance qui a une vision de la magie différentes des autres groupes. Mais après tout, ils ont tous une vision différente sur pratiquement tout. Le clan de Le a un objectif très précis : celui de comprendre les mystères de l’univers. Et ils sont persuadés que tout ce qui est explicable peut l’être par la source. Alors ils étudient, encore et encore, cherchant toujours plus loin dans chaque plan. Jusqu’à ce que leur exploration les mène sur un monde comme Eeel. C’est ici que s’est retrouvé l’équipe de Le, c’est ici qu’ils ont rencontré les Eeelie. Lorsque le corps agonisant de l’un de ses soldats toucha le sol, une lance fermement plantée dans son torse, Le compris que les indigènes n’étaient pas pacifiques. Ils étaient prêts à tout pour que les explorateurs repartent chez eux, mais la magicienne était persuadée d’avoir trouvé la véritable Source de Toute Chose. Vous devez comprendre que Le, bien qu’elle paraisse jeune physiquement, son âge se comptait sur les tentacules d’un Lacok. Référence que vous ne connaissez sûrement pas, ce qui est tant mieux parce que si Le me surprenait à parler de son âge, je pense qu’elle éparpillerait les molécules qui composent mon corps à travers les 9 plans. Bref, elle est plus âgée qu’elle n’en a l’air. Malheureusement, quand on a passé autant de temps qu’elle à explorer des planètes aux quatre coins des plans, on devient fatigué. Et quand une tribu indigène prétend vous empêcher de faire votre travail, même si vous ignorez si vous allez trouver quelque chose ou pas, vous êtes prêt à atomiser quiconque s’oppose à vous. Et c’est exactement ce que Le fit.

Les Eeelie combattirent bravement, mais elle était trop puissante pour eux. Chacun des guerriers disposait d’un pouvoir efficace au combat, mais ils n’eurent pas le temps de les utiliser. Le les écrasa, ouvrant le sol sous leurs pieds pour en faire sortir un dragon de feu. Elle les mit en fuite, mais c’était insuffisant. Elle devait s’assurer qu’ils ne reviendraient pas la gêner, alors elle invoqua son sort de destruction le plus puissant. Les indigènes furent anéantis, ainsi que la montagne qui se trouvait derrière. A de nombreuses reprises, Le s’était vu reprocher son manque de contrôle et manifestement elle n’avait toujours pas appris, ou peut-être n’en avait-elle rien à faire. Une fois, elle avait réussi à détruire une planète entière en essayant d’ouvrir une crypte qui n’était même pas fermée. En comparaison, cette fois-ci, les ravages furent sans importance. Bien sûr, je fais ici preuve de cynisme, parce qu’en réalité Le a purement et simplement anéanti la vie et l’habitat de plusieurs milliers d’indigènes, sans même y réfléchir à deux fois.

Mais, comme je vous l’ai déjà dit, c’était une scientifique pour qui la recherche passait avant tout. Et c’est par ce crédo qu’elle vivait sa vie, peu importaient les conséquences. Qui plus est, cette fois particulière, la conséquence de son action lui permit de faire un pas en avant dans la bonne direction puisqu’elle mit à jour une grotte menant au centre même de la planète, là où se trouvaient bien souvent les secrets les plus importants. La descente ne fut pas sans risque, il semblait que tous les habitants de ce petit monde étaient prêts à tout pour que personne ne vienne en déranger le noyau. Ils subirent des attaques de dragons de toutes tailles, de tigres bleus gigantesques, de lézards au corps couvert de fer tranchant, et même de golems semblant avoir été formés par la planète elle-même, si une telle chose était possible. Il fallut à Le utiliser plus d’énergie qu’elle n’aurait voulu et d’ici à ce qu’elle arrive à bon port elle avait perdu la quasi-totalité de ses hommes et se trouvait particulièrement affaiblie par les combats qui l’avaient menée jusqu’ici.

Mais une fois arrivée au cœur de la planète, elle comprit pourquoi elle avait face à elle autant de résistance. Dans le noyau, une sorte de bulle solide bleue, se trouvait un enfant. Une fille pour être précis, qui semblait dormir. Chose étrange, sa respiration était haletante, comme si elle étouffait. Pourtant, ce n’était pas le manque d’air qui lui posait problème. C’était la douleur. Il ne fallut pas longtemps à Le pour comprendre que la fille dans la bulle était d’une manière ou d’une autre reliée à la planète. Et apparemment, elle avait senti les sorts lancés par la magicienne. Elle avait senti la terre brûler, la montagne disparaître et peut-être même les indigènes mourir. Ne sachant que faire ensuite, elle décida de demander à son professeur grâce à son globe de communication. Laissez-moi vous expliquer comment tout ça fonctionne.

Pour commencer, l’organisation du Plan de la Connaissance et plus particulièrement de l’armée est similaire à une structure académique. Concrètement, les soldats de base sont des étudiants et ensuite on parle de professeur. Le est elle-même un professeur, mais elle a également un professeur qu’on pourrait qualifier de supérieur. Il y a ensuite les directeurs et tout en haut le conseil des 13 archimages qui dirigent l’armée de manière collégiale, c’est-à-dire que les décisions sont prises à l’unanimité de ces 13 mages. Bien entendu, pour faire partie de cette assemblée, il faut être incroyablement puissant. Enfin, le moyen de communication privilégié des membres de la connaissance est un artefact nommé Globe de Communication. Il est encore un peu tôt pour expliquer le fonctionnement des artefacts de manière générale, mais celui fonctionne à peu de choses près comme un visiophone, ou une webcam. Maintenant que vous savez tout ça, je peux reprendre sereinement mon récit.

Suivant l’instruction de son supérieur, Le arracha la bulle aux entrailles de la terre et embarqua la fille maintenant évanouie avec elle. Elle déposa son colis à sa base, sans réellement imaginer ce qui allait se passer ensuite. Ou peut-être qu’elle savait. Je n’en sais rien, mais j’espère sincèrement qu’elle ne se doutait rien. Parce qu’une fois que son professeur avait récupéré la fille, il s’empressa de l’interroger sur son lien avec la magie. Il voulait tout savoir sur sa relation avec sa planète, sur le fonctionnement de son corps, ses pouvoirs… Et chaque fois qu’il tardait à obtenir une réponse, il brûlait une partie de son corps, observant avec curiosité les effets sur son monde d’origine. Régulièrement, le professeur supérieur invitait son élève préférée, Le, à l’aider dans ses interrogatoires. Mais curieusement, alors qu’elle avait brûlé nombre d’innocents dans sa quête pour la vérité, les cris de cette enfant en particulier la touchaient au plus profond, comme des milliers de petits couteaux dans son cœur. Pourtant, elle ne fit rien. Pire, de peur de contrarier son professeur, elle participa aux séances de torture et infligea de ses propres mains une très grande partie de la douleur que reçut l’enfant. Puis vint l’expérience finale.

Ils prirent un vaisseau spatial (oui, ils en ont, je vous expliquerai plus tard) et se rendirent avec la fille dont le corps était tellement blessé et affaibli qu’elle ne pouvait plus tenir debout, devant sa planète. A l’image de l’enfant, le monde semblait brisé, brûlé par endroits, ne ressemblant aucunement au monde sur lequel Le avait atterri à l’origine. Sans plus attendre, le professeur supérieur démarra son incantation pour lancer un de ses sorts les plus puissants. Et notre héroïne ne fit rien. Alors que son cœur voulait arrêter l’invocation, son corps refusait de bouger. Et tout ce qui lui restait à faire, c’était de verser une larme en sachant ce qui allait se passer. Bientôt, ce fut fini, la planète avait entièrement disparu, brûlée par l’énergie du puissant mage. La gamine était instantanément devenue amorphe. Déçu qu’il n’y ait pas eu une autre réaction, le professeur supérieur ordonna à son élève de tuer l’enfant. Le prépara un sort de mort qu’elle connaissait très bien, mais elle le dirigea vers son supérieur avec la ferme intention de mettre un terme à sa vie de psychopathe. Elle échoua malheureusement, son invocation explosa contre une des incantations de protection entourant constamment le professeur supérieur, mais elle gagna suffisamment de temps pour créer un portail et emporter avec elle l’enfant amorphe.

En quelques secondes, elle était devenue l’ennemie de son propre clan, et elle savait avec une certitude inébranlable que son supérieur serait prêt à tout pour la retrouver. Mais à cet instant précis, cela n’avait aucune importance. Elle tenait dans ses bras le corps amorphe. Cette fille était morte, parce qu’elle avait agi trop tard. Ou plutôt, parce qu’elle n’avait pas réagi. Au cas où, elle tenta de lancer un sort de guérison, priant pour que ce ne soit pas trop tard. Ses mains s’illuminèrent d’un vert chaleureux avant de s’éteindre de nouveau. Au début, rien ne se passa. Puis, dans un souffle de vie, l’enfant s’agrippa à Le et la fixa droit dans les yeux. Ce fut une expérience marquante pour la magicienne, car après l’avoir torturé pendant des jours et des jours, la petite ne la regardait pas avec de la haine ou de la colère, mais avec de la sympathie. Elle porta sa main à sa poitrine et en sortit une minuscule graine qu’elle tendit vers Le. Aussitôt l’avait-elle prise que la jeune fille disparut dans ses bras, comme emportée par le vent, laissant notre héroïne seule.

Un soir bien particulier, après avoir survécu à un combat particulièrement intense, Le décida de me montrer cette graine. Il me suffit de la voir pour comprendre de quoi il s’agissait, car une force en sortait. C’est quelque chose de très difficile à décrire, comme un petit morceau d’énergie qui s’est dirigé directement vers mon cœur. C’était à la fois chaud, doux et… Je ne sais pas, c’était plus agréable qu’un chocolat chaud avec marshmallow au coin du feu un jour d’hiver. Selon elle, c’est un morceau de vie (aussi bizarre que ça puisse vous paraître, dans cet univers, la vie a tendance à se promener un peu où elle veut). En tout cas, quand elle me l’a montrée, elle m’a avoué que sa mission consistait à planter cette graine sur une planète qui lui permettrait de se développer. Lorsque je lui ai demandé comment elle pourrait trouver la planète en question, elle m’a dit qu’elle la reconnaitrait quand elle la verrait. Je ne vous dirais pas si elle a réussi ou non, mon mentor m’a toujours dit que c’était une très mauvaise habitude de raconter la fin de l’histoire trop tôt.


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