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Le jugement meurtrier

  • Photo du rédacteur: lorkhanponey
    lorkhanponey
  • 17 avr. 2017
  • 4 min de lecture

Je n’ai jamais réussi à me faire des amis. Peut-être parce que je n’inspire pas la sympathie. Peut-être parce que les gens ont inconsciemment peur de moi. Ou peut-être que c’est parce que je peux voir leurs erreurs. Depuis que je suis petit, à chaque fois que je regarde quelqu’un, je sais instantanément tout ce qu’il a fait de mal dans sa vie. Ce qu’il y’a de plus étrange, je pense, c’est le nombre de tueurs, violeurs et autres criminels du pire acabit que j’ai croisés dans la rue. Ils semblent normaux, mais ils ne le sont pas. Derrière leur déguisement d’être humain se cachent des monstres sans âmes, mais moi, je peux les voir pour ce qu’ils sont vraiment. Mon nom est Jubaut. Lorsque je suis enfin devenu adulte, lorsque j’ai enfin quitté la maison de mes parents, j’ai décidé de mettre mon don à profit. Quand j’avais eu 8 ans, j’avais eu le droit de choisir un sport à pratiquer. D’instinct, j’avais choisi le kung-fu. Après avoir obtenu la ceinture noire, je m’étais dirigé vers d’autres sports de combats avec toujours plus de ferveur. Ce soir, je vais pouvoir mettre mes compétences en action.


J’en ai repéré un il y a une semaine. Un tueur d’enfants, ceux que je déteste le plus. Je l’ai suivi chez lui, mais je n’ai pas attaqué tout de suite. J’ai attendu le meilleur moment, et il est venu. Si j’entre chez lui maintenant, je vais le trouver drogué dans son salon. Il fait ça tous les soirs, et c’est de loin le moment où il est le plus vulnérable. Mais au cas où, je choisis de passer par la porte de derrière dont la serrure est brisée. J’entre prudemment, avançant à pas feutrés pour ne pas me faire repérer trop tôt. Il est là, juste devant moi, dormant dans son fauteuil. Je prends un couteau que j’enfonce d’un coup sec dans son cœur. Il ouvre ses yeux vitreux, choqué, émet un dernier son pathétique et meurt comme la larve qu’il est.

Ce premier meurtre a été agréable. Et je ne peux m’empêcher de me demander si je suis fait pour cela. Peut-être que c’est ma vocation, mon destin. Peut-être que c’est pour ça que je n’ai jamais pu me faire d’amis. Ils sentaient, sans même s’en rendre compte, que j’étais un tueur. Alors je continue. Nuit après nuit, victime après victime, je mène ceux qui le méritent à la tombe. De plus en plus, je les laisse me voir arriver. Je veux qu’ils sentent la mort marcher vers eux. Certains me demandent « pourquoi ? ». Je leur réponds, décrivant avec précision leurs crimes, comme si j’avais été présent au moment où ils l’ont commis. Parce que c’est comme ça que je le ressens, mes visions sont de plus en plus clair. Maintenant, quand je regarde un criminel dans les yeux, j’ai l’impression de vivre un flash-back de ses souvenirs. Je vois tout, j’entends tout, je peux même sentir et toucher les objets qui se trouvaient autour de lui à ce moment-là. Ça ne fait que me donner plus de volonté pour les tuer.


A partir du 100ème, je suis devenu une légende. Ils me surnomment « la Faucheuse », sans aucune originalité. Ils peuvent m’appeler comme ils veulent, ça ne les empêchera pas de mourir. Je suis assis dans un bar, en train de boire une bière quand j’entends quelque chose de très intéressant. Une femme est assise à une table adjacente. J’ai croisé son regard plus tôt, et je peux vous dire qu’elle n’a rien à envier aux enfoirés que j’ai pu croiser jusque-là. J’ai failli vomir quand j’ai vu ce qu’elle avait fait dans un bar similaire à celui-ci. Mais aujourd’hui, elle discute avec quelqu’un à propos d’une prime sur ma tête. J’en avais vaguement entendu parler avant, mais là je sais enfin combien je vaux. Les patrons de la pègres (ou en tout cas les grands criminels que je n’ai pas encore chopé) ont promis 1 millions d’euros à celui qui leur ramènera ma tête. Apparemment ils ont même une photo. C’est nouveau ça, jusque-là j’avais très bien réussi à dissimuler mon visage. Je ne réalise pas l’implication de ce fait avant d’avoir une lame plantée dans mon épaule. Lorsque je l’ai vue en entrant, elle m’a vu aussi. Je me dégage en lui éclatant une bouteille en verre sur la tête. Elle sort un pistolet-mitrailleur et ouvre le feu dans le bar. J’effectue une roulade et je me planque derrière le bar. Je l’entends vider son chargeur sur tous les murs, apparemment elle ne sait pas où je suis. Je sors mon arme et j’attends qu’elle n’ait plus de balles. Dès que le silence tombe, je tire et l’abats avec 2 balles dans le torse.


Les dégâts sont énormes, pratiquement tous les autres clients sont morts ou sur le point de mourir. Aucun d’entre eux ne méritait son sort, et c’est ma faute. C’était moi la cible. Tout devient d’autant plus réel quand je vois mon reflet dans une vitre partiellement brisée. En une fraction de seconde, je revois toute la scène telle qu’elle vient juste de se passer. Du fait de ma propre existence, j’ai tué tous ces gens. Je suis devenu ce que j’ai toujours détesté. Il ne me faut pas longtemps pour faire le calcul. Si je ne fais rien, je vais passer le reste de ma vie à revivre cette erreur à chaque fois que je passerai devant un miroir. Je n’ai pas cette force, alors je me tire une balle dans la tête. Tuant mon dernier criminel.


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