La malédiction de l'immortalité

Il était une fois un homme nommé Meto. A un très jeune âge, il fut impliqué dans un accident dans lequel il sauva un puissant sorcier tout en condamnant un autre à mort. Pour le remercier, le premier lui accorda la vie éternelle. Pour le punir, le deuxième le condamna à la passer seul. Depuis ce jour, Meto n’a jamais grandi. Des milliers d’années après, il a toujours la même apparence physique car le bon sorcier ne maitrisait pas son sort. Et il vit seul, car sa famille est morte depuis longtemps et il n’a jamais été capable de rencontrer quelqu’un d’autre, car la magie du mauvais magicien était puissante. Personne ne sait combien de fois il s’est suicidé. Mais toujours, il revenait. Béni d’une vie qui ne prendrait jamais fin. Condamné à errer dans la solitude pour l’éternité à venir.

Jusqu’à ce qu’il la rencontre. “Bonjour.” Ce simple mot, personne ne lui avait dit depuis tellement longtemps qu’il en avait presque oublié le sens. Mais elle était là, elle lui parlait, elle le regardait. Elle le voyait alors que le reste du monde l’ignorait. “Es-tu Meto ? Le garçon qui ne sait pas comment mourir ?

• C’est la première fois que ma situation est présentée ainsi, mais c’est moi. Qui es-tu ?

• Farma, je suis la fille qui ne doit pas mourir.”

Elle avait exactement le même âge que Meto et était magnifique à ses yeux. Elle lui expliqua qu’elle avait également rencontré le généreux sorcier qui, impressionné par sa beauté et sa compassion, lui avait accordé une vie éternelle. Mais maintenant, elle avait vu tant de personnes qu’elle aimait mourir, qu’elle considérait cette bénédiction comme une malédiction. Elle lui apprit qu’il était possible de rompre la malédiction avec un cheveu du sorcier qui en était à l’origine.

Ils partirent ainsi à la recherche du tombeau du sorcier, bravant des dangers sans peur car rien ne pouvait leur arriver. En chemin, ils apprirent à se connaître. Meto n’ayant pas conversé avec un autre être vivant depuis des millénaires, il avait beaucoup à raconter. Il se demandait également comment sa malédiction avait pu être brisée. Elle lui dit que c’était parce qu’elle le cherchait, parce qu’elle savait qu’il existait, elle pouvait le voir alors que nul autre n’en était capable. Leurs péripéties durèrent plusieurs semaines durant lesquels ils négocièrent avec des criminels, affrontèrent des animaux sauvages en traversant la forêt. Ils auraient dû mourir, si seulement ils savaient comment, mais enfin ils trouvèrent le tombeau du sorcier.

La tombe était bardée de protections dont le but était d’empêcher quiconque de faire ce qu’ils s’apprêtaient à faire. Ils ne pouvaient pas mourir, mais ils pouvaient sentir la douleur. Il n’y avait pas d’autre choix, ils forcèrent l’entrée encore et encore. Subissant pleinement l’effet des sortilèges, jusqu’à ce qu’ils soient épuisés. Meto avait souhaité endurer toute la douleur seul, mais Farma ne l’avait pas laissé faire. Plus que jamais auparavant, la bénédiction était devenue une malédiction, et il était plus que temps d’y mettre fin. Ils prirent chacun un cheveu qu’ils placèrent dans les potions qu’ils avaient préparées à l’avance. Et ensemble, ils burent le contenu. Farma commença à remarquer les effets sur son ami, et elle tomba à genou, s’excusant de ne pas lui avoir dit. Car l’annulation du sort avait des effets rétroactifs, ce qui signifiait que très vite leurs corps allaient subir pleinement toutes les blessures qui les avaient épargnés au fil des années. “Tout va bien, je suis heureux que ça se finisse ainsi. De toute façon j’ai vécu beaucoup trop longtemps, si je dois mourir à tes côtés, qu’il en soit ainsi.” Elle n’eut pas le temps de répondre, car elle aussi était en retard pour un rendez-vous avec la mort. Ils partirent ensemble, main dans la main, le sourire aux lèvres.