Donner sa vie pour celle d'un autre
- lorkhanponey
- 3 avr. 2017
- 5 min de lecture
Il était une fois un homme atteint d’une grave maladie. A cause de celle-ci, il ne pouvait plus bouger de son lit. Il avait du mal à parler et semblait perpétuellement souffrir. Sa douleur était telle que son fils prit la décision de tout faire pour l’aider. Après avoir essayé toutes les techniques de médecine traditionnelle, après avoir consulté tous les professionnels qu’il a trouvés, il comprit que la solution résidait ailleurs. Alors il partit à la recherche d’un miracle. Il entendit parler de nombreuses rumeurs et à chaque fois, il cherchait jusqu’au bout, au cas où ce serait plus qu’une simple rumeur. Mais à chaque fois, il repartait les mains vides.
Jusqu’au jour où enfin, il fit la rencontre d’un vieil homme dans une maison au pied d’une montagne. Celui-ci lui raconta son histoire : « Quand j’étais plus jeune, j’étais chasseur. C’était un travail très important, car si je partais à la recherche d’un gibier et revenais les mains vides, ma famille ne pouvait pas se nourrir ce soir-là. Alors les fois où je ne trouvais pas de gibier convenable dans les coins où je me postais habituellement, j’allais explorer toujours plus loin. M’aventurant à des endroits où je n’allais jamais, ce qui était une erreur. Un jour, je suis tombé sur l’antre d’un ours. J’ai cru pouvoir l’abattre, nourrir mes enfants pendant au moins une semaine. Mais il m’a attaqué le premier, d’un simple coup de patte il m’a arraché un morceau de mon torse. Par chance, mon fusil a tiré tout seul et la bête est morte avant de pouvoir m’achever. Mais je ne pouvais plus bouger. Je suis resté là pendant j’ignore combien de temps. Il s’est mis à pleuvoir, de l’eau froide me tombant dessus alors que mon sang chaud me quittait. J’aurais pu mourir, j’aurais dû mourir. Mais un homme est arrivé, j’ignore qui il était, mais il portait un étrange collier que je ne pourrais jamais oublier. Un collier en forme de sablier. Il a posé sa main sur ma blessure, son pendentif s’est mis à briller, et l’instant d’après j’étais debout et toutes mes douleurs avaient disparu. » Il termina son histoire en lui montrant l’endroit où l’ours l’avait frappé, il n’y avait aucune cicatrice.
Prenant des nouvelles de son père, le jeune homme apprit qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. Sa mère le supplia de laisser tomber cette recherche. De revenir à ses côtés avant qu’il ne soit trop tard, pour lui dire au revoir. Mais l’enfant était proche de trouver la solution. Il ne pouvait pas abandonner maintenant, alors il continua son chemin à la recherche du pendentif en question. Il écuma toutes les villes et villages des environs, fouillant la montagne de fond en comble. Trouvant même la grotte qui avait un jour abrité l’ours de l’histoire. Elle était maintenant vide bien sûr, mais il choisit quand même de jeter un œil à l’intérieur. Ce qu’il trouva fit émerger plus de questions que de réponses. Gravé sur les parois, en plusieurs endroits, se trouvait le symbole du cœur brisé. Plus étrange encore, la grotte continuait au-delà du repaire de l’ours. Pour explorer, il dut d’abord escalader, se glisser dans des recoins étroits. Il se blessa à plusieurs endroits mais n’abandonna jamais son exploration.
Jusqu’à ce qu’il arrive dans une partie de la grotte dont la roche était taillée. Le sol était même dallé et menait à une gigantesque porte fermée. Sur chaque battant se trouvait le symbole qui l’avait mené jusqu’ici. Retenant son souffle, il poussa les poignées pour ouvrir un passage. Devant lui, il découvrit une cité entière creusée dans la roche. Elle semblait dater de plusieurs siècles et elle était en ruine à plus d’un endroit. Le jeune homme acquit une certitude : pour une raison qu’il ignorait, celui qu’il cherchait se trouvait dans cet endroit. Il le savait. Alors il arpenta les rues, cherchant dans chaque abri. Appelant quiconque se trouvait dans la caverne. Il finit par trouver un homme portant un médaillon exactement comme l’avait décrit le vieil homme. Mais il était mort depuis longtemps, son corps en partie décomposé reposait sur un lit. En s’approchant, le jeune garçon remarqua qu’il lui manquait une partie de son torse, comme si on lui avait retiré d’un coup de griffe. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que le médaillon avait permis à cet homme de prendre sur lui-même la blessure du vieillard il y a tant d’années, et non pas de la faire disparaître. Choisissant de réfléchir à plus tard quant aux implications de cette découverte, il attrapa le médaillon qu’il enfila avant de partir.
Sur le chemin du retour, le jeune homme ignorait deux choses. La première, c’est qu’en enfilant le collier il s’était lui-même soumis à sa malédiction. Et la deuxième c’est que pendant son exploration, dans un endroit où son téléphone portable ne recevait pas de réseau, il avait reçu plus d’une dizaine d’appels. Son père avait fini par passer l’arme à gauche. Et son fils n’avait pas été à ses côtés dans ses derniers instants. Pire, sa mère brisée par le chagrin lui avait interdit de revenir. Cet ordre n’était pas sérieux, car la femme voulait plus que tout au monde revoir son fils. Mais il le prit au sérieux, jetant son portable, il fit demi-tour. Dans son exploration de la cité en ruines, il avait trouvé plusieurs bibliothèques dont certains livres étaient encore en bon état. A défaut de pouvoir sauver son père, il allait étudier l’histoire de cet endroit en espérant trouver un remède contre tous les maux. Ainsi commença le reste de sa vie, une vie de solitude à laquelle il ne pourrait échapper. Car il apprit bien vite que le médaillon lui donnerait la vie éternelle et qu’il ne pourrait mourir qu’en prenant les blessures d’une autre personne. Il chercha longtemps pour trouver un moyen d’utiliser le médaillon pour sauver plus d’une personne. Mais un jour, alors qu’il se baladait à l’extérieur, réfléchissant, il vit un jeune garçon se faire attaquer par une meute de loups. Aussitôt, l’homme se précipita et se servit de son couteau pour faire fuir les loups, tuant le premier et blessant un deuxième il mit la meute entière en déroute. Mais il arrivait trop tard, le petit garçon allait mourir. A plusieurs endroits ses os étaient déjà visibles. C’était un miracle qu’il soit encore en vie. L’homme comprit alors qu’il était temps de laisser tomber cette vie. Il choisit de donner à ce garçon une seconde chance, espérant qu’il réussisse mieux. Après avoir soigné l’enfant, il avait tout juste le temps de rejoindre la cité avant qu’il ne commence à sentir l’effet des blessures dans sa chair. Il se coucha sur un lit et attendit tranquillement que la vie le quitte.
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