Le jour où j'ai sauté d'un train en marche
- lorkhanponey
- 28 mars 2017
- 4 min de lecture
C’était un bel après-midi ensoleillé, sans un seul nuage en vue. Par un temps comme celui-ci, je pourrais être en train de jardiner, de lire un livre dans mon jardin où même pourquoi pas en train de jouer avec mes enfants. Au lieu de ça, je viens de sauter d’un train en marche. Je n’avais jamais fait ça auparavant, et je ne le conseille à personne. Et encore, j’ai été chanceux de tomber dans une rivière au-dessus de laquelle passait le train. Qui sait ce qui me serait arrivé si j’avais atterri sur un sol dur. Et j'aurais très bien put, dans la mesure où j’étais poursuivi. Je n’ai pas trop eu le temps de m’arrêter pour voir dans quoi j’allais tomber. Une fois sorti de l’eau, mon premier réflexe a été de vérifier ma poche. En soit, son état m’importe peu, mais j’ai à l’intérieur une photo particulièrement importante. Elle montre un homme aux cheveux noirs, l’air robuste. J’ignore de qui il s’agit, mais je sais que cet homme a été engagé pour tuer ma femme. Ce qui ne m’enchante pas énormément.
Ne faites pas d’erreur : peut-être que ma femme mérite de mourir. A la mort de son père, elle a hérité de l’entreprise familiale. Le problème c’est que ce n’est pas une activité très légale, en fait c’est même à 100% illégal. Disons à 90% plutôt. Le bar est très réel, même s’il sert de couvert à des trafics de drogues, prostitution et d’autres trucs dont je n’ai pas vraiment envie de connaître les détails. Par amour, j’ai choisi de fermer les yeux, pour le bien de nos enfants, mais je ne peux pas laisser ma femme mourir. Après avoir couru à travers la campagne pendant une dizaine de minutes pour échapper à quiconque serait encore après moi, je reçois un message des plus troublants. Je suis d’ailleurs surpris de constater que mon téléphone marche encore après la petite trempette de tout à l’heure. Sur l’écran s’ouvre une photo de mes 2 enfants attachés à des chaises dans un genre de cave sorti tout droit d’un film d’horreur. Ils ont l’air réellement terrifiés. Un texte dit simplement : “ne fais rien”. Génial ! donc, non seulement ma femme est en danger de mort, mais maintenant mes enfants aussi ? Abattu, toujours trempé et épuisé, je m’adosse à un arbre et me laisse tomber par terre. Je prends le temps de réfléchir à mes options :
Soit je ne fais rien. Ma femme meurt et mes enfants aussi puisque leurs ravisseurs n’auront plus aucune raison de me les rendre.
Soit je sauve ma femme et mes enfants meurent en guise de représailles.
Il paraît que quand on est confronté à 2 options déplaisantes, il faut en créer une 3ème. Mais j’ignore ce que ça pourrait être.
Finalement, je décide d’avancer vers une ville que j’aperçois au loin, priant pour que ce soit la bonne. Sur tout le chemin, j’observe la photo pour essayer d’identifier l’endroit où ils se trouvent, sans y parvenir. Une fois en ville, je décide de me diriger vers le bar de ma femme. Et en chemin, je trouve ma 3ème option. Si ceux qui détiennent mes garçons ne me voient pas arriver, ils ne leur feront probablement rien, pensant que le chantage fonctionne. Je n’aurais plus qu’à prévenir l’élue de mon cœur du danger et la laisser gérer la situation avec son armée d’hommes de mains. Tout ce que je devais faire, c’était me déguiser pour ne pas être reconnu. Je fis l’acquisition d’une perruque, de maquillage et de tout ce à quoi je pouvais penser pour modifier radicalement mon apparence.
Le reste était aisé, je connaissais l’entrée de derrière, le mot de passe et la disposition des lieux. Arriver dans le bureau de ma femme fut aisé, c’est à l’intérieur que ça devint plus compliqué. Je me permets de vous préciser que derrière le bureau de ma femme se trouve une gigantesque fenêtre qui donne sur la piste de danse du bar à l’étage d’en dessous. Retenez bien ça, ce sera important. A ses côtés se trouvait un homme aux cheveux noirs et à l’air robuste, le même que sur la photo. “Eloigne toi de lui !” fut la première chose que je dis à celle qui avait enfanté mes garçons après tant d’années. “Paul ?” Mais qu’est-ce que tu fais là ?” “Cet homme a été engagé pour t’assassiner, ils ont kidnappé les enfants !” Evidemment, ma femme ne comprenait pas. Mais lui était furieux. “De quoi parles-tu, où sont les enfants ?” Avant que je puisse répondre, je vis l’homme derrière elle sortir un pistolet. Sur un coup de tête, je décidai de me jeter sur lui. Nous traversâmes ensemble une fenêtre pour atterrir sur la piste de danse, durement. Il reprit ses esprits plus rapidement que moi, mais très vite nous fûmes entourés par les sbires de ma femme. Malheureusement, l’homme que je venais d’attaquer était également l’un des conseillers les plus fidèles de ma femme. Dès lors, ce fut un match entre lui et moi pour déterminer si c’était un traître ou non. Et finalement, Elodie donna l’ordre de faire cracher à son conseiller l’endroit où se trouvait les enfants.
J'ignore ce qu’ils lui ont fait, mais il a parlé. J’ai retrouvé mes 2 garçons vivants. Et c’est ainsi que reprirent nos vies. Je n’eus pas beaucoup de nouvelles de sa part par la suite, à l’exception d’une lettre. A l’intérieur, elle me remerciait d’avoir empêché son assassinat et m’informait qu’elle serait toujours là pour nous si on avait besoin d’aide et qu’elle nous protégerait toujours. La dernière phrase semblait avoir été tachée par des larmes, elle disait simplement : “Je vous aimerais à jamais.” A cette lettre, nous répondîmes ainsi : “Nous t’aimerons jusqu'à notre mort.”
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