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Le virus douloureux

  • Photo du rédacteur: lorkhanponey
    lorkhanponey
  • 24 mars 2017
  • 3 min de lecture

Mon nom est Nathan Fournier, et quand le virus a frappé, j’étais en train de travailler dans mon bureau au 56ème étage de la banque où je travaille. Je fais le choix de ne pas citer le nom, de peur de causer un scandale. Mais à la lumière des événements récents, cette précaution me paraît absurde. Si j’ai bien compris, l’épidémie a commencé à 10h57. Je me suis rendu compte de l’existence du problème aux alentours de 14h. Pour moi, cela prit la forme d’un bruit étrange dans le couloir. Comme un hurlement suivi d’un bruit de verre brisé. Surpris, j’appelais ma secrétaire pour savoir ce qui produisait pareil bruit. Pas de réponse. Je tentais une 2ème fois. Toujours rien. Soudain, la porte s’ouvrit violemment sur mon assistante. Elle semblait hurler, mais aucun son ne s’échappait de sa bouche. Pétrifié, j’étais incapable de faire autre chose qu’observer alors que Janine se tortillait, je pouvais sentir sa douleur, sans savoir d’où elle venait. Puis, sans prévenir, elle saisit une chaise dont elle se servit pour briser la fenêtre derrière moi. Il lui fallut plusieurs essais, mais elle parvint à faire un trou avant que je ne puisse l’arrêter. Sous mes yeux ma secrétaire, qui avait été à mes côtés pendant plus de 6 ans, se jeta du 56ème étage.


La panique me saisit comme jamais auparavant. Je courus jusqu’à l’ascenseur, il fallait absolument que je sorte d’ici. J’aurais probablement dû opter pour l’escalier, mais je n’étais pas en état de réfléchir. Dans le couloir, je vis avec horreur Gérard, mon voisin de bureau qui m’avait de si nombreuses fois aidées avec mon ordinateur ou avec différentes affaires difficiles. Sous mes yeux, il avala le contenu d’un extincteur. Au moment où il toucha le sol, il était déjà mort. J’enjambai son cadavre déjà froid pour atteindre l’ascenseur. Je dus appuyer près d’une centaine de fois sur le bouton d'appel, au point que mes doigts se tordaient presque. Durant ce laps de temps, je vis 2 personnes en train de tomber à de 2 fenêtres différentes. Et je crus entendre un coup de feu mêlé au bruit de têtes se frappant contre les murs. L’ascenseur s’ouvrit enfin sur 4 personnes tout aussi effrayées que moi. J’entrais précipitamment. Lorsque notre « véhicule » s’arrêta net, nous étions au 43ème étage. “Probablement une coupure de courant, le générateur de secours va prendre le relais dans moins d’une minute” déclara l’un des occupants, cherchant à se rassurer lui-même autant qu’à le faire avec nous. Et effectivement, notre descente reprit avant d’être coupées de nouveau, presque aussitôt. Au même moment, une explosion retentit dans le bâtiment. Nous étions bloqués. Très vite, l’un des occupants se mit à gesticuler, prenant beaucoup trop de places. Horrifié, je constatai que sa bouche était grande ouverte, mais aucun son n’en sortait. Exactement comme mon assistante. Voyant que nous ne comprenions pas ce qu’il voulait, il entreprit de se frapper le visage contre la paroi métallique. A trois, nous suffisions à peine pour l’arrêter. C’est à ce moment qu’il aperçut le stylo qui dépassait de ma poche. Il le saisit pour se l’enfoncer dans le crâne à travers son œil droit. Il tomba lourdement sur le sol.


Si le cadavre n’était pas suffisant pour nous inciter à sortir de là, le bruit d’un objet lourd tombant sur l’ascenseur eut cet effet. D’autant qu’il n’y avait que peu de chances que ce soit quelque chose d’inanimés. Le reste se déroula très rapidement. A 4, les portes ne nous résistèrent pas longtemps. Mais à peine le premier était-il sorti qu’un nouveau choc fit trembler l’ascenseur. Trop vite, il fut suivi d’un 3ème qui nous fit chuter un peu. L’ouverture n’était plus accessible. Dans une cabine menaçant de tomber, nous fûmes encore plus rapides pour ouvrir. Mais nous ne pûmes tous passer avant que l’ascenseur lâche. J’ignore son nom, mais grâce à lui je suis encore vivant. Le reste est allé extrêmement rapidement, en l’absence d’ascenseur, nous avons pris l’escalier. Je serais incapable de dire combien de cadavres ensanglantés j’ai dut enjamber. Mais au final, je suis parvenu à l’extérieur du bâtiment. Dehors, la situation n’était pas bien meilleure. Les rues pleines de voitures embouties, encastrées les uns dans les autres dans un chaos de ferrailles.


J’ignore comment j’ai réussi à sortir de là, mais aujourd’hui, je fais partie du 1% de la population de ma ville qui a survécu au virus. Selon le gouvernement, il provoquait chez tous ceux qui le contractaient, d’intenses douleurs dans tous les nerfs. Leur souffrance était telle qu’ils préféraient mettre un terme à leur vie. Malgré tous les examens que j’ai subis, personne ne sait pourquoi j’en ai réchappé. Et si j’en crois la douleur que je commence à ressentir, ce n’est pas le cas.


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