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Pourquoi la télé-réalité est mortelle ?

  • Photo du rédacteur: lorkhanponey
    lorkhanponey
  • 16 mars 2017
  • 3 min de lecture

C’est forcément lui le coupable. Non seulement son tournevis porte-bonheur a été retrouvé ensanglanté non loin du corps. Mais il avait l’opportunité d’agir. Il ne manquait plus qu’un mobile, mais à ce stade de l’enquête, ce n’était qu’un détail. “Alors pourquoi ne le faites-vous pas arrêter ?” C’était le producteur exécutif de la série qui parlait. Et il avait raison, l’un des participants de son jeu de télé-réalité avait été retrouvé mort dans sa loge. Il avait été violemment frappé à la tête avec un objet pointu. Justement, dans la même pièce, caché sous un meuble, se trouvait un tournevis ensanglanté. Cet outil, tout sauf ordinaire, portait la marque de Renaud Marquet, l’un des techniciens à l’éclairage. Celui-ci avait eu une altercation avec l’auteur retrouvé mort parce que ce dernier trouvait la lumière peu flatteuse. Il semblerait que l’altercation ait été particulièrement puissante et ait même fini par un échange de coups. Mais une dispute n’est pas une bonne justification pour un meurtre. Le technicien était probablement furieux, à raison à mon avis, mais pas assez pour passer à l’acte. D’autant qu’il n’avait aucun antécédent suggérant qu’il eut en lui ce qu’il fallait pour prendre une vie.


Renaud n’était pas coupable, ça aurait été trop simple pour ma première affaire de meurtre. Et si ce n’était pas lui, ça signifiait que quelqu’un avait délibérément utilisé son tournevis, qu’il gardait enfermé dans son casier, pour lui faire porter le chapeau. D’autre part, le coupable devait savoir que l’altercation avait eu lieu pour penser à faire accuser le jeune Marquet. D’ailleurs, il fallait également savoir que Renaud possédait un tournevis si facilement identifiable. Le coupable était donc présent à tous les enregistrements de l’émission, il connaissait très bien l’équipe entière, et il avait un mobile pour commettre le meurtre. Très vite, j’ai commencé à soupçonner le producteur lui-même. Mais avant même que je lui ai posé la question, il vint vers moi m’informant qu’il venait de s’apercevoir de la disparition de son passe-partout, lequel permettait d’accéder à toutes les loges du studio. Dès lors, celui qui l’avait volé aurait très bien pu profiter d’un instant d'inattention de Renoud pour lui voler son tournevis.


Aussitôt après avoir été émise, cette hypothèse révéla son principal défaut. Le technicien considérait cet outil comme un véritable porte-bonheur, grâce auquel il n’avait jamais eu d’incident. Personne n’aurait pu lui subtiliser sans qu’il s’en aperçoive. Et s’il l’avait prêté, il se serait assuré de le récupérer aussitôt après. Le tournevis avait donc été pris directement dans son casier après son départ. Je demandais au producteur s'il disposait des clés pour les casiers de son équipe. Ce qu’il ignorait, c’est que j’étais déjà allé voir dans son bureau à son insu. J’avais trouvé la clé du cabinet de Renaud légèrement tâchée de sang. Lorsqu’il nous mena dans son bureau, que j’avais pris soin de refermer comme je l’avais trouvé, la clé n’était plus présente.


Dès lors, je sus que le producteur était le coupable, profitant de sa proximité avec le déroulement de l’enquête pour dissimuler tout indice compromettant avant que nous puissions les trouver. Son mobile était simple, cette télé-réalité était son premier vrai projet, s’il marchait bien il deviendrait célèbre. Ce participant, lié par contrat, rendait la série entière insupportable. Ne pouvant le renvoyer, le producteur choisit de le tuer. Il ne me restait qu’à le prouver. Tout ce que j’avais à faire, c’était de le piéger. Et pour ça, je n’eus besoin que d’une simple rumeur. Il me suffit de souffler à l’oreille d’un des acteurs que du sang avait été trouvé près du bureau du producteur. La nouvelle se répandit dans le studio plus vite que les rumeurs ne voyageaient dans mon village natal, ce que j'ignorais possible. Une fois arrivé à l’oreille du producteur, il se précipita dans son bureau pour effacer ses “traces”. Il fut pris la main dans le sac, ce qui fut suffisant pour convaincre son chef. Ensuite, il ne restait plus qu’à obtenir ses aveux ce qui fut extrêmement aisé dans la mesure où le producteur était en réalité un lâche s’étant fait lentement dévorer par la culpabilité. C’est ainsi que je résolus la première de nombreuses enquêtes de meurtre.


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