Une rivalité explosive
- lorkhanponey
- 8 mars 2017
- 3 min de lecture
La journée était presque finie. Le soleil commençait à se cacher, prévoyant l’arrivée de son amante la lune. Dans un modeste laboratoire, dans la modeste ville d’Avrillé, un scientifique travaillait. Remi Cortot avait eu une enfance banale à ce détail près qu’il avait développé un ennemi juré. Pourtant, Cyril Ancel aurait très bien pu devenir son meilleur ami. Mais ce n’est pas le chemin qui fut choisi. Non, le destin a voulu que ces deux-là soient ennemis pendant toutes leurs études. Ils finirent par être diplômés de la même école avec très exactement les mêmes notes. Et comme le destin ne laisse aucune pierre retournée, ils furent embauchés dans le même laboratoire. C’est pour cette raison que ce soir particulier, Remi travaillait encore, dans l’espoir de finir son projet avant que Cyril ne présente le sien.
Sa concentration était telle qu’il ne fit aucun cas de la mouche qui voletait autour de lui, l’observant avec curiosité. Néanmoins, il ne manqua pas de remarquer lorsque le bâtiment entier se mit à trembler. Dans la salle 318, un peu plus loin dans le couloir, un four venait d’exploser. C’est ainsi que M. Cortot apprit avec effroi que le bâtiment ne respectait pas les codes de sécurité, parce qu’à la suite de cette première déflagration, plusieurs autres suivirent. Remi perdit pied et finit par se retrouver sous une bibliothèque particulièrement lourde. Si la douleur qu’il ressentait dans son bras droit n’était pas suffisante pour lui faire comprendre qu’il devait partir, la fumée qui commençait doucement à apparaître était plus que convaincante. Le pire dans tout ça, c’était s’il restait éternellement bloqué ici. Si son créateur le rappelait en ce jour, Cyril Ancel n’aurait plus aucune compétition. Voilà un homme bloqué sous une étagère, dans un bâtiment en feu où il est seul. Son bras est cassé, mais il ne pleure pas. Il ne pense pas non plus à sa famille et à ses amis qu’il ne reverra plus jamais. Sa seule pensée va au plaisir que son décès apportera à son rival. Peut-être que c’est lui qui a déclenché cet incident. Si ça se trouve, il a fait ça exprès pour le tuer.
Bien sûr, le pauvre Cyril n’y était pour rien dans l’accident. Il n’avait même jamais mis les pieds dans la salle 318. Pauvre Remi, qui avait passé sa vie en évaluant chacune de ses actions par rapport à celles de son rival, ne voyait que ce que sa paranoïa lui permettait de voir. Nous avons tous connu des personnes se définissant par rapport aux actions d’une autre. Même si vous ne l’aviez jamais réalisé avant de lire cette histoire. Si vous identifiez quelqu’un dans votre entourage qui correspond à cette description, intervenez. Ne le laissez pas devenir comme Remi, trop occupé à préparer sa vengeance pour réaliser qu’il était bloqué.
Il serait sûrement mort si le destin n’avait pas décidé une nouvelle fois de s’en mêler. Cyril entra dans la pièce, se précipitant vers celui qu’il considérait comme son ami. Il parvint à le dégager et à le faire sortir de l’immeuble avant que le feu ne se répande trop. Suite à cet acte de bravoure désintéressé, la vie entière de Remi sembla se briser sous ses yeux. Pendant tout ce temps, tout avait tourné autour de son Némésis qui finalement le considérait comme un ami, et ce depuis le début. Par la suite, ils firent de nombreuses choses ensemble, faisant avancer la science de concert. Remi passa sa vie en remerciant le ciel pour cette explosion qui apporta un changement si bénéfique à sa vie. Toujours, il arborait fièrement la cicatrice sur son bras droit, affirmant qu’elle symbolisait sa renaissance. Personne ne vint jamais le contredire, car il semblait heureux.
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